A l’origine de ce recueil de textes de femmes et d’hommes autour du mot UTERUS, il y a la question de Maïa Brami : « Comment se vivre femme avec un utérus vide ? » Et, très vite, les mots qui viennent portent les notions de « féminité, maternité et plus largement origine, identité et création ».
A l’occasion de la lecture organisée dans la Galerie du 59 Rivoli, j’ai entendu Mario Urbanet évoquant un voyage en Utérie, utopie d’où sortent les Uterriens. Je suis arrivé pendant la lecture. Lorsque j’ai retrouvé son texte dans l’anthologie, je n’ai pu m’empêcher de noter que le nom de l’auteur commence par la même lettre que cette Utérie qu’il nous fait découvrir.
Un autre homme a conclu cette lecture. Nicolas Bokov fait « l’éloge du sac de couchage », qui « nous rend quelques parcelles du paradis perdu ».
Danièle Laufer a lu une Lettre à Lou, « Utérus, poupées russes ». Lou est sa fille. L’auteur lui donne la parole et, souvent, c’est de la méfiance : « Arrête, maman, c’est insupportable ». Mais il s’agit de dire d’où vient cette enfant : neuf mois dans le ventre de sa mère (qui écrit), elle-même neuf mois dans le ventre de sa mère, elle-même neuf mois dans les camps de concentration. Ne pas oublier. « Cela n’empêche ni le rire, ni l’amour, ni l’humour ».
Claude Ber relate le rapport de Micromégasse après sa visite à la planète Terre où vit « une espèce [qui] méprise la matrice d’où elle vient et, incapable de s’aimer elle-même, elle ose l’outrager et avilir l’idée même de sacré en monnayant son âme contre le mépris de son origine, la torture de son corps et l’asservissement de la moitié d’elle-même ».
Le livre est entre mes mains, je n’en ai pas encore exploré tous les textes, chacun arrêtant mon regard (Valérie Rouzeau, Chantal Chawaf, Maïa Brami, et les autres, une soixantaine d’auteurs), un peu comme on s’arrête devant le tableau de Courbet, L’Origine du Monde.
La femme qui l’évoque dans ce recueil a passé des heures au Musée d’Orsay à copier ce tableau. Personnellement, j’ai toujours été gêné par le titre du tableau (dont on sait qu’il a été longtemps caché par un paysage d’André Masson). Liliane Milgrom écrit ici cette phrase : « Mon dialogue personnel avec le tableau de Courbet m’a amenée à comprendre que son titre ne fait pas référence à ce que nous voyons, mais à ce qui se trouve au-delà ».