Nouveau couac au gouvernement. Après avoir évoqué un éventuel retour aux 39 heures dans Le Parisien, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault se fait recadrer par son Ministre du Travail, Michel Sapin.
Par Philippe Bouchat.
Jean-Marc Ayrault à l'Assemblée nationale, le 24 octobre 2012.
Après le congrès du PS à Toulouse, on pouvait croire – certes naïvement – que le Premier ministre, promis, juré, allait se ressaisir et qu’on allait voir ce qu’on allait voir, face à cette méchante droite qui lui a intenté un procès en amateurisme. Las ! Les lampions de la fête toulousaine ne se sont pas encore complètement éteints que, bardaf, le naturel revient au galop et le Jean-Marc Ayrault se prend les pieds dans le tapis des 35h.
Résumons. Ayrault, après les multiples couacs de sa majorité et son propre couac relatif à l’arrêt prétendument rendu du Conseil constitutionnel sur la loi relative aux logements sociaux, déclare, dans Le Parisien que le retour des 39h de travail hebdomadaires payées 39h n’est pas un sujet tabou. Hourra ! Le PS a décidé d’arrêter d’ennuyer les Français ! Chansons dans les chaumières ! Même la très souriante Laurence Parisot, patronne des patrons, se fend d’une émotion non feinte…
Hélas ! Trois fois hélas ! Il s’agit d’un nouveau couac du Premier ministre qui, sur injonction de Guimauve-le-non-Conquérant emmitouflé dans son palais élyséen, le somme de se rétracter. Et Michel Sapin, ministre du Non Emploi et du Chômage, d’être envoyé rétablir la bonne nouvelle. Ainsi, ce matin, dans le journal de 8h55 de France 2, Sapin nous affirme-t-il de façon péremptoire que le Gouvernement ne touchera pas aux 35h, car « toucher aux 35h, c’est toucher aux heures supplémentaires, donc aux sursalaires, donc au pouvoir d’achat ».
Fin de récréation : le ministre a recadré son Premier qui se rétracte ! Au-delà de cette nouvelle cacophonie, qui fait ressembler l’équipe d’Ayrault plus à la danse des canards (couacs couacs) qu’à un gouvernement, ce qui choque dans cette nouvelle preuve d’amateurisme est la rhétorique utilisée par Sapin. Le postulat intangible est toujours le keynésianisme : pour relancer l’économie, augmentons le pouvoir d’achat des travailleurs ou, à tout le moins, n’y touchons pas. Partant de là, gardons les sursalaires, donc les 35h. Imparable ! Outre le fait que ce raisonnement est suranné, il est contradictoire et empreint d’idéologie.
Contradictoire. Si le raisonnement pour maintenir les 35h est le maintien du pouvoir d’achat, alors pourquoi diantre avoir supprimé la défiscalisation des heures supplémentaires ? Je ne vois qu’une seule raison : la défiscalisation avait été instaurée par Sarkozy…
Et là, on rentre de plain-pied dans l’idéologie. Les 35h, instaurées en 1997, sont l’œuvre de Martine Aubry. Or, on ne touche pas à la Vestale de la rue Solférino et du Grand Lille ! Ce que Sarkozy fait, on le défait ; ce que Aubry fait, on ne le défait surtout pas, même si le tout est frappé d’incohérences…
Faut-il encore rappeler ici, le dégât économique et social engendré par les 35h ? Le surcoût pour les entreprises, le report et la suppression d’embauches, la désorganisation du travail de l’entreprise.
Oui décidément, avec l’équipe de Jean-Marc Ayrault, la France se trémousse péniblement dans une danse des canards… en attendant la nomination de la Dinde du Poitou ?