Il y a 30 ans que je connais la ville de Saint-Omer. Depuis 30 ans j'en arpente les rues et use le revêtement de leurs trottoirs. Pourtant, à chaque fois, la magie opère. Des lieux archiconnus se découvrent sous un nouveau jour. Ce fut encore le cas aujourd'hui, en cette journée d'automne.
A la descente du train, je fus accueilli par un soleil radieux et chaleureux : nul besoin de remonter la fermeture éclair de ma veste ni de cacher ma tête sous le bonnet.
En cette fin de mois d'octobre, le feuillage des arbres est moins touffu et ils formaient un cadre qui permettait de mieux voir les vestiges de l'abbaye Saint-Bertin.
Je franchis le canal qui charriait des eaux couleur marron clair, porteuses de terres arrachées en amont. Le parc de l'abbaye que je traversais ensuite dégageait une forte odeur d'herbe fraîchement tondue et humide. C'est une de mes odeurs préférées, avec celle de la sciure de bois tout juste coupé.
Le brave Suger était toujours à sa place, veillant sur la ville.
Pendant ce temps, l'enfant de la fontaine, en haut de la rue Saint-Bertin, continuait de jouer avec son cygne.
Quant au compositeur Pierre Alexandre de Monsigny, il conservait la quiétude du quartier de la cathédrale.
Les arbres du jardin public commencent à se parer de leur tenue colorée automnale.
Et, quand après une bonne après-midi de travail, je quittais Saint-Omer, il n'y avait pas un nuage dans le ciel.
Et c'est bien là le hic. J'ai écrit ce propos en rentrant, dans le train, éclairé par un superbe clair de lune complètement dégagé. Alors que ce matin, me fiant aux prévisions météorologiques, j'étais parti la fleur au parapluie, je l'ai traîné toute la journée comme un encombrant boulet !