Les collaborateurs qui se tournent vers la consumérisation, baptisés d'élite mobile, le font car ils sont convaincus des bienfaits sur leur productivité. Et ils continueront à utiliser ainsi leurs combinés, même sous interdiction.
Le fossé est-il voué à grandir entre les salariés qui utilisent leurs outils personnels à des fins professionnelles et les responsables des systèmes d'information de l'entreprise ? En effet, on le répète fréquemment ces temps-ci, les collaborateurs sont de plus en plus nombreux à passer au fameux BYOD (Bring Your Own Device). Certains n'hésitent pas à les rebaptiser, comme "mobile elite" pour Unisys et Forrester Consulting, qui viennent de mener une étude sur le sujet, auprès de ces travailleurs et d'un groupe de dirigeants et DSI. La conclusion ? C'est que malgré les interdictions ou les frilosités de leurs entreprises, ces salariés continueront à le faire. 88% de cette "élite mobile" en France téléchargerait ainsi des applications ou des logiciels à des fins professionnelles, bien que leur entreprise ne les y autorise pas. Ces solutions répondant aux besoins de leurs activités, expliquent-ils. Au contraire, 84% des employeurs voient ces téléchargements comme une source potentielle future de conflit juridique.
Des salariés convaincus d'une meilleure productivité
Néanmoins, pour la mobile elite, ces actions sont importantes car ces salariés "ont l’impression que la consumérisation de l’IT les rend plus productifs (65%) et plus aptes à répondre efficacement à leurs clients", explique Alain Colombo, consultant Mobilité pour Unisys. Ainsi, 65% de l'élite mobile interrogée explique se sentir plus productive et efficace (si l'on élargit à l'ensemble des salariés à qui il arrive d'utiliser les technologies pour leur travail, soit les iWorkers, ce ratio tombe à 42% en France). 45%, également, jugent que cela simplifie la collaboration avec ses collègues. Et près de la moitié en sont tellement convaincus qu'ils achètent ces solutions sur leurs propres deniers. Véritable constat d'absence de solutions dédiées en entreprise ? Là encore, salariés et responsables ne sont pas d'accord. Près des deux tiers des salariés interrogés en France et qui utilisent leurs outils personnels pour travailler disent le faire car ils en ont besoin et que leur société ne leur propose pas d'alternative.
Des cadres en construction
Au contraire, seulement un quart des directeurs et DSI interrogés jugent que ces dispositifs sont essentiels pour le bon accomplissement du travail des collaborateurs. Le problème de cette incompréhension, c'est que du coup, le constat est souvent répété, cette multiplication des points d'entrée non sécurisée fait courir des risques à l'entreprise. Si l'on en croit l'étude, la mise en place de cadres sécuritaires et de chartes est cependant en train de progresser : plus de 60% des entreprises françaises interrogées auraient déclaré avoir placé en tête de leurs priorités le fait d'améliorer la sécurité mobile, et 60% ont déjà mis en place ou s'apprêtent à déployer des solutions comme des mots de passe sécurisés pour les téléphones de leurs employés.