Frankenweenie : rencontre avec Tim Burton

Par Popmovies

Tim Burton a répondu à quelques questions lors de son passage à Paris.


Mercredi 24 Octobre se tenait la conférence de presse de Tim Burton à l’hôtel Bristol.

Le réalisateur était dans la capitale depuis la veille pour promouvoir son dernier film, Frankenweenie qui sort demain dans les salles. Il a tenu mardi soir une masterclass suite à la projection.

Pendant près de 30 minutes mercredi, les journalistes ont posé des questions face à un Tim Burton simple, souriant et passionné.

Voici une sélection de la rencontre.

Quand j’étais gosse, je voulais devenir un scientifique fou ou jouer le rôle de Godzilla en costume. Ça c’était mes désirs d’enfant. Je faisais déjà des films en Super 8 et voilà j’avais des projets scientifique et artisitique et pour moi quelque part c’était la même chose.

Le film Frankenweenie est avant tout pour moi un travail de mémoire personnelle, de ma mémoire. Certainement on peut y voir des films d’horreur de la Universal, des films d’horreur de la Hammer, des films d’horreur japonais de l’époque car je les regardais. Mais je suis parti des personnes réelles que j’ai croisé. Même chose quand il a fallu choisir les décors, l’école, la ville. Tout vient d’un souvenir à moi.

Q : par rapport justement au décor, la banlieue américaine est toujours le lieu où ça se passe.

La banlieue, je viens de là. Les gens pensent que je la déteste et que je me venge. C’est vrai que quand j’ai commencé à faire des films, il y avait une petite vengeance parce que quand j’étais enfant j’avais du mal à exister à Burbank, à y vivre, j’avais du mal à être une personne. Aujourd’hui je considère que ça fait totalement parti de moi. Jamais plus je ne revivrais à Burbank, c’est derrière moi.

Q : sur la durée de production du film.

Un film d’animation c’est tellement lent à faire, parfois il fallait une semaine pour réaliser un plan. Le temps qu’il nous a fallu pour Frankenweenie c’est le temps qu’il a fallu pour bâtir un stade Olympique.

Q : sur les deux Frankenweenie.

Cette version est plus pure, plus sincère. De faire un film d’animation en 3D c’était plus logique, plus pure. Et puis il y a aussi ce thème de Frankenstein et qu’est-ce que c’est, Frankenstein il donne la vie à des objets inanimés hors voilà justement ce que l’on fait en faisant de l’animation, image par image, on donne la vie à des personnages inanimés. Les deux expériences sont pour moi extrêmement différentes dans leur approche.

Q : sur la citation dans le film « Parfois les adultes ne savent pas de quoi ils parlent »

C’est une dynamique des choses qui m’inquiète fondamentalement. Les adultes oublient ce que c’est l’enfance. Les adultes oublient que les contes pour enfants sont noirs, profondément effrayants, c’est même leur fonction et c’est intéressant de voir à quel point finalement les adultes finissent par oublier cela et ils se trouvent un peu déconnectés de ça. C’est le sens de la réplique.

Q : en général vous avez beaucoup d’amour pour les personnes qui sont un peu des monstres mais ici ce n’est pas le cas puisque vous êtes assez dur avec Victor au début.

Quand j’ai construit ce personnage je me suis basé sur mes propres souvenirs et quand j’étais gosse moi j’aimais les films d’horreur du coup les autres me traitaient de taré, que j’étais bizarre, pas comme les autres. Moi je me trouvais dans ma tête plutôt normal mais autour de moi par contre je trouvais que certains de mes petits camarades étaient bien bizarres. Je me suis basé sur mes souvenirs d’école, la fille étrange, et puis chez les enfants il y a des rivalités, des petits jeux politique, des petites batailles, tout ce gentil petit monde de l’enfance, cette cruauté entre enfant et c’est ça que j’ai voulu traiter.

Q : Est-ce que Frankenweeie vous a permis de trouver une nouvelle inspiration ?

Avec le temps et l’âge, les souvenirs des événements de l’enfance s’éloignent et là j’avais envie finalement de décrypter ces vieux rêves. Plus c’est loin dans le temps plus quelque part on revisite, on visite son inconscient. Ce voyage dans mon inconscient m’a donné beaucoup d’inspiration.

Q : Tim Burton au travail ça donne ?

Je n’ai aucune discipline mais j’essaye de trouver du temps, c’est compliqué quand on a des responsabilités et une famille. J’essaye toujours de trouver un moment où je ne fais rien, avec la technologie aujourd’hui, avec internet, moi j’essaye vraiment de passer le moins de temps possible là-dessus parce que c’est très chronophage. J’aime me donner le temps de regarder par la fenêtre, écouter de la musique ou même d’être dans le silence parce que sinon on se fait bombarder par les choses. J’essaye d’avoir du temps seul, du temps intime et peut-être que ça donne l’impression que je ne fais rien mais ça m’inspire. Et je ne tweete pas (rires).

Q : à propos du débat est-ce que l’on se jette dans le numérique et oublie ce qui a été fait avec l’analogie en 55mm. Est-ce que le film qui mélange les techniques n’est pas un moyen de donner votre avis et de faire fonctionner les deux ?

C’est pour ça que j’aime le stop-motion parce qu’on revient aux débuts du cinéma. Tout est fait à la main, tout est manipulé par des artisans, on est à l’ancienne. Moi je viens de Los Angeles où le cinéma est un commerce, là quand on fait ça, image par image, on fait un geste d’amour envers le cinéma. Revenir à l’amour du cinéma, c’est comme ça que l’on doit faire des films.

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