Du 25 au 27 octobre 2012, au Palais de la Culture d’Hanoï (Vitenam), la cinquième édition de l’exposition internationale sur l’énergie nucléaire a réuni les principaux acteurs du nucléaire Français mais aussi Coréens, Russes, Japonais et quelques entreprises américaines et canadiennes. Le salon, initialement dédié aux étudiants et au grand public, est de plus en plus l’occasion de rencontres d’affaires. Il faut dire que le projet de programme électronucléaire du Vietnam a beaucoup muri ces deux dernières années ; le pays a signé des accord avec la Russie et le Japon qui devraient conduire à la mise en route d’une première centrale nucléaire sur le site de Ninh Thuan dès 2020.
Le salon était d’ailleurs tenu en parallèle d’un séminaire où de nombreux organismes et entreprises se pressaient pour présenter leurs compétences et leurs offres de service ou de technologie.
Les Français ont mis l’accent sur une offre technologique adaptée au Vietnam, proposant un réacteur de moyenne puissance Atmea 1 de conception franco-japonaise, mais ils ont aussi insisté sur la nécessité de bien prendre en compte la question de la formation.
Comme l’accident de Fukushima l’a en effet montré il y a deux ans, la mise en œuvre d’un programme énergétique nucléaire exige de s’approprier au meilleur niveau un ensemble complet de savoirs et compétences et d’entretenir une forte culture de sûreté et sécurité. La question de la disponibilité de l’ensemble des compétences indispensables et des ressources humaines associées peut constituer un goulot d’étranglement pour le développement d’un tel programme. La diversité des métiers nécessaires va bien au delà de la sphère technique et scientifique. Hormis le domaine industriel, il nécessaire de disposer de compétences au meilleur niveau aussi bien dans la R&D que dans les organes de régulation (autorité de sûreté, organisme d’analyse et de soutien en matière de sûreté et de radioprotection), la sphère juridique, politique et sociétale.
Pour partager avec ses partenaires étrangers les meilleurs pratiques en matière de sûreté ainsi que l’ensemble des connaissances indispensables au développement responsable d’une industrie nucléaire pour l’énergie, la France s’est dotée d’un point d’accès unifié à son système de formation. L’institut international de l’énergie nucléaire (I2EN), qui était présent sur le pavillon de la France à Hanoï, a vocation à répondre aux attentes du Vietnam en matière de formation académique et professionnelle dans le domaine de l’énergie nucléaire.
La France dispose de nombreuses ressources de formation, avec plus de 1000 ingénieurs nucléaire diplômés par an. Outre les universités et l’institut national des sciences et techniques nucléaires (INSTN), il convient de citer deux structures opérationnelles de formation professionnelle, l’International Nuclear Academy (INA) et l’Institut européen de formation et de tutorat dans le domaine de la sûreté et de la radioprotection (ENSTTI).
Dans le cadre d’accords formalisés, l’I2EN et ses partenaires peuvent donc accompagner les acteurs vietnamiens du nucléaire dans l’accueil et l’accompagnement personnalisé des étudiants, stagiaires, enseignants et professionnels vietnamiens qui viendraient se former en France dans le cadre d’un accord bilatéral : plus de 20 masters en ingénierie nucléaires sont enseignés dans notre pays, avec différentes spécialisations. En lien étroit avec les organismes de recherche et les industriels, ces enseignements bénéficient des dernières avancées de la recherche et du retour d’expérience industriel. Plusieurs plateformes de formation, animées par des industriels ou des académiques, proposent l’accès à des outils de formation de pointe (simulateurs, logiciels de conception et d’accidentologie, serious games, maquettes échelle 1, salles et ateliers de chimie, d’analyse et d’instrumentation nucléaire), via des formations thématiques de quelques jours à plusieurs semaines. Un stage en laboratoire ou en entreprise du domaine nucléaire est en général obligatoire pour valider la formation.
L’organisation de cours, de séminaires de réflexion et de formation, en collaboration avec le milieu académique ou industriel local est également possible, au Vietnam ou en France. Ainsi, l’I2EN et ses partenaires proposent un programme baptisé « Train The Trainers » dédié aux enseignants des universités qui pilotent ou se préparent à déployer leurs propres cursus de formation à l’énergie nucléaire. Pour les y aider, « Train The Trainers » propose un approfondissement pragmatiques de la connaissance du nucléaire -avec 12 semaines de cours intensif et de nombreuses visites d’installations nucléaires françaises- ainsi que l’opportunité, pour le stagiaires, de nouer des collaboration avec leurs homologues français tant pour l’enseignement que pour les pratiques professionnels (industrie et R&D), au cours d’un stage en laboratoire de 12 semaines.
L’accueil et l’accompagnement personnalisé des étudiants, stagiaires et professionnels vietnamiens qui viendraient se former en France dans le cadre d’accords bilatéraux en lien étroit avec les organismes de recherche et les industriels, permettraient donc au Vietnam de bénéficier des dernières avancées de la recherche et du retour d’expérience industriel, et à la France d’accompagner durablement la politique énergétique de ce pays…