Selon l'INSEE, en septembre 2012, l’indice des prix à la consommation (IPC) a baissé de 0,3 %, soit une hausse de 1,9 % sur un an. L’indice d'inflation sous-jacente (ISJ) a quant à lui très légèrement baissé (-0,1 %), ce qui sur un an se traduit néanmoins par une progression de +1,2 %.
Glissements annuels de l'indice des prix à la consommation (IPC) et de l'inflation sous-jacente (ISJ)
[ Source : INSEE - indice des prix à la consommation ]
Rappelons que l'indice d'inflation sous-jacente (ISJ) traduit l'évolution profonde des coûts de production et la confrontation de l'offre et de la demande, puisqu'il exclut les prix soumis à l'intervention de l'État (électricité, tabac, gaz,...) et les produits à prix volatils (produits pétroliers, produits frais, produits laitiers, viandes, fleurs et plantes,...
Dans un précédent billet, j'avais donné une définition de l'inflation utilisant l'indice des prix à la consommation (IPC) et présenté ses principales causes : inflation par la demande, inflation par les coûts, inflation par la monnaie. C'est précisément sur l'inflation par la monnaie que je souhaite revenir aujourd'hui, puisque le fondement théorique de la politique monétaire de la BCE est la théorie quantitative de la monnaie refondée par Milton Friedman et les "Chicago Boys" depuis la fin de la seconde guerre mondiale (et surtout dans les années 1970).
Pour mémoire, celle-ci s'appuie sur l'identité de Fisher qui stipule que MV = PY, où Y est la production, V la vitesse de circulation de la monnaie, M la masse monétaire et P le niveau général des prix. Sous certaines hypothèses (variation de la production à moyen terme, vitesse de circulation de la monnaie constante à moyen terme,...), les monétaristes en déduisent que :
et donc que
En langage clair, les monétaristes en déduisent qu'un accroissement de la masse monétaire supérieur à l'accroissement de la production débouche sur de l'inflation. Or, c'est sur cette base qu'a été rédigé l’article 127, paragraphe 1, du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, qui dispose que l'objectif principal de l'Eurosystème est de maintenir la stabilité des prix. La BCE traduit cela par l'objectif chiffré suivant : maintenir l'inflation au-dessous, mais à un niveau proche, de 2 %, sur le moyen terme.
Rien ne sera donc fait pour soutenir la croissance des États membres (donc assurément aucun plan de relance qui déboucherait selon cette théorie sur de l'inflation). Celle-ci devrait découler naturellement de la stabilité des prix, qui permettra le développement du commerce international par le jeu d'un marché libre et autorégulateur...
La preuve nous en est donnée dans cette petite vidéo créée par la BCE pour expliquer l'inflation, où l'argument monétariste domine les 8 minutes de présentation ! Les autres causes d'inflation ne sont peu ou pas évoquées, et la représentation de l'inflation par un monstre (c'est lui que vous voyez sur l'image de ce billet, avec plein d'argent dans les mains pour rappeler l'argument monétariste) n'est pas sans rappeler la vision allemande défendue par le président de la Bundesbank, Jens Weidmann :
Je renouvelle la conclusion de mon billet consacré à l'inflation : le vrai risque aujourd'hui est la déflation, qui est un mal parfois bien pire à soigner que l'inflation, car face à cela les Banques centrales ne peuvent plus user du taux d'intérêt d'autant qu'ils sont déjà très bas, et l'économie peut alors très vite entrer en dépression !
Pour finir, j'ai eu la possibilité de m'exprimer sur le pouvoir d'achat et l'inflation (avec beaucoup d'humour !) dans le Grand rendez-vous du lundi de Mirabelle TV. La vidéo devrait être
disponible d'ici la fin de la semaine...