Cela fait une semaine que je suis installé à Berlin et que je ne fais que candidater pour du travail et m’occuper de tâches administratives. Ce n’est pas glamour, mais au moins j’aurai la paix par après et pourrai pleinement profiter de l’envoûtante Berlin.
Mais dimanche dernier je n’avais tout de même pas envie de passer à nouveau toute la journée devant le PC. Le soleil était doux, le vent clément, la lumière réconfortante et les arbres encore verts. Je me suis alors rapidement préparé, puis me suis mis en route pour l’Akademie der Künste, située près de la porte de Brandenburg. Plusieurs vidéos de Douglas Gordon y étaient diffusées. Arrivé sur place, je m’informai à l’accueil et appris qu’un deuxième bout de musée du même nom, situé arrêt Bellevue, renfermait l’objet de ma convoitise. Je rebroussai chemin, heureusement ça n’était pas loin. Arrivé à destination, un beau soleil d’automne enveloppait tout dans ce quartier calme, plein d’arbres encore touffus qui cachaient les immeubles nettement moins charmants. Au guichet, j’appris que l’expo était gratuite. J’aime les petits cadeaux de la vie comme ça.
Hannes Kater. Source: http://drawing-log.tumblr.com/
Bref, je me dirige vers la salle où se trouvent les vidéos de sieur Douglas G, j’entre et suis quasiment seul dans cet espace sombre, rempli de télés qui diffusent en simultané ses différents films. C’est dommage, c’est un peu indigeste, même si le dispositif ne me laisse pas indifférent. L’accumulation, la saturation me submerge sans pour autant m’écœurer. Mais voilà ça ne restera pour moi qu’intéressant et un peu hypnotisant, surtout à cause des charmeurs de serpents à l’œuvre sur certains écrans. Hum, je crois que je n’avais pas tellement la tête à ce type d’art, pas grave je passe à la pièce qui fait face à celle que je quitte et y découvre le travail d’Hannes Kater. Artiste inconnu au bataillon jusqu’à ce fameux dimanche. Je suis pour le coup vraiment seul dans cette salle qui ressemble en partie à un atelier. Les œuvres d’HK longent les mûrs à la manière d’une fresque moderne, mixant couches montées les unes sur les autres, projection de dessins sur transparents et simple prise de son d’un enfant occupé à jouer, à babiller. La bande sonore, bien que très basique, me rappelle quand même the Happiness Project de Charles Spearin (à écouter absolument !). Dans certains coins de la salle sont empilés d’autres bouts d’œuvres et à peu près au centre, pas complètement, se dresse un bureau plutôt humble, sur lequel un écriteau indique que l’artiste ne sera pas présent aujourd’hui… On est dimanche, jour du seigneur pour tout le monde. Je commence à suivre les dessins découpés et disposés par couches. Imaginez un mannequin que l’on aurait démembré et recomposé visuellement dans l’espace, avec entre chaque membre un écart et vous pourrez vous faire une idée du dispositif déployé ici. Plus simplement, vous pouvez aussi regarder cette vidéo :
Source: http://creative.arte.tv/fr/space/The_Karte/message/18185/Hannes_Kater__Ausgewahlt/
C’est bourré d’icônes, de symboles qui rappellent les illustrations de nos bouquins de biologie, si, si souvenez-vous. Les couleurs retenues pour le cerne sont le rouge, le bleu, le noir, ce qui m’a fait penser à celles des sculptures de Dubuffet. C’est poétique, graphique, ludique, un brin nostalgique, ça nécessite une attention certaine pour déchiffrer un maximum de détails et je suis toujours seul à déambuler… J’aime et j’ai envie de piquer un (plusieurs) souvenir(s), mais je me maîtrise… Ça habilleraitpourtant très bien les murs un peu trop dénudés de ma chambre, mais je me maîtrise… j’ai malheureusement été trop bien élevé… soupir. Il y a aussi un grand tableau noir où est écrit, à la craie, le détail de ce qui est exposé, avec un plan de la salle et face à cette grande surface verte/noire se trouve une plus petite, comme un tableau pour dînette ou pour minipouce, chacun répondra de ses préférences plus tard. Il y a aussi des vitrines où sont exposées des photos (noir et blanc), ainsi que des éléments autobiographiques de l’enfance de l’artiste. Ça fonctionne, on est embrassé par son univers et on se remémore soi-même d’anciens clichés de nous enfant. C’est une nostalgie agréable, sans pathos, qui invite au souvenir de notre jeunesse et à penser à celle de nos futurs enfants pour celles et ceux qui n’en sont pas encore là, au parfum de la vie dans ce qu’elle a de plus simple, romantique et réconfortante.
Sortir de ce musée au style architectural des années 50 et rentrer à pieds en suivant la Spree, en traversant Tiergarten, en marchant en plein milieu de l’avenue du 17 juin vidée de sa circulation avec en ligne de mire le Brandenburger Tor et avoir dans son dos die Siegessäule avec le soleil couchant… fût une belle conclusion pour cette exposition et dans le même temps un de ces moments qui reste gravé éternellement.
*Parce que l’anagramme de Hannes est à une lettre près Sahne = crème et parce que Kater veut littéralement dire matou en allemand
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Je me prénomme Cyril, j’ai l’âge du Christ, suis graphiste, j’habite Berlin (et ouais c’est comme ça), je mange bio, suis borderline végétarien et adore traîner mes guêtres dans des musées, galeries, salles de concerts, librairies… mais aussi en forêt, au bord d’un lac ou de l’océan. Ça fait un peu profil meetic, je vous l’accorde. Il ne manque plus que : célibataire avec un corps de rêve, adore cuisiner, aime les enfants et les chiens, recherche femme qui voudra être leur future maman LOL. Ben oui hein sans LOL c’est moins crédible… MDR. Bref, pour faire court je suis apparemment l’un des nouveaux chroniqueurs de ce blog et vous m’en voyez sincèrement ravi. J’espère que vous apprécierez mon style, mes choix d’articles et mon humour. De toutes façons vous n’avez pas le choix, j’y suis, j’y reste ! Mouahaha ! Diabolique… non ?
Bonne lecture et prenez soin de vous.