When The Mountain Changed Its Clothing de Heiner Goebbels

Heiner Goebbels / Carmina Slovenica © Klaus Grünberg

Heiner Goebbels présentait sa nouvelle création théâtrale et musicale deux jours seulement au Théâtre de la Ville à l’occasion du Festival d’Automne, When The Mountain Changed Its Clothing, avec le chœur slovène du Vocal Theatre Carmina Slovenica, dirigé par Karmina Šilec. 40 adolescentes changent de peau sur scène pendant un peu plus d’une heure, au fil des saisons et des chansons.

À quoi rêvent les jeunes filles ?
— Au couteau et au sang.

Ce fragment de dialogue d’Alain Robbe-Grillet constitue le point de départ de ce spectacle : que se passe-t-il dans la tête des adolescentes, en pleine mue de l’enfance vers l’âge adulte ? Image et son font corps pour répondre à cette question. Au centre du plateau, une scène recouverte de gazon traverse les quatre saisons et accueillent toutes ou partie du chœur adolescent pour un arrêt contemplatif, un étrange jeu de ballon ou une chanson sous la pluie, façon scout. Brahms, Schoenberg, Hopkins ou Goebbels pour la musique, Rousseau, Stein ou Ian McEwan pour les textes, When The Mountain Changed Its Clothing place sur un même plan poétique cultures savantes et culture populaire de la chanson, grâce aux voix des jeunes filles. Pures, lisses, celles-ci transforment chaque chant en conte enfantin, lequel est déjoué par une image souvent trouble, qui fait appel au bizarre : mises en scène dans la mise en scène, manifestations surnaturelles et symboliques, présence du regard de l’autre… Il n’est pas rare qu’une scène se joue sur le gazon tandis que le reste du chœur la regarde depuis les côtés, attablées comme à la cantine. Ordre et désordre se succèdent comme dans une ronde, et c’est finalement un temps cyclique qui fait son apparition : celui des saisons, celui des âges et celui du corps, à l’image d’un ballon qui flotte dans les airs.