Pour une fois BHL avait raison. "Le PS va mourir ? Non. Il est mort. Personne, ou presque, n'ose le dire. Mais tout le monde, ou presque, le sait" déclarait le philosophe dans un entretien accordé au Journal du Dimanche en juillet 2009. Même analyse de Jean-Luc Mélenchon sur France Inter, dimanche 28 octobre. Le co-président du Parti de Gauche évoque un "astre mort", "une grosse machine morose".
Ce n'est pas le congrès de Toulouse qui va rassurer sur l'état de santé de la formation socialiste. Dans la ville rose, le PS n'a pas su trouver ni les hommes ni les mots pour s'adresser aux Français. Le congrès d'une formation qui vient d'accéder au pouvoir aurait du être marqué par une certaine emphase. C'est au contraire un parti ampoulé, englué dans ses "équilibres" internes qui s'est tenu ce week-end. Une réunion de famille dans laquelle on a lavé son linge sale dans les cuisines mais où on s'est bien gardé d'ajouter un couvert supplémentaire pour un invité surprise : le sympathisant ou le citoyen ordinaire.
Martine Aubry a certes réussi, à force de massages cardiaques, à ranimer un Premier ministre qui peine à tracer son sillon à Matignon. Dans ce retour (momentané ?) à la vie elle a été bien secondée par un Manuel Valls qui tout en énergie aura mis la victime en position latérale de sécurité. La sécurité, nouveau champ de pensée socialiste. Claquement de talonnettes et air martial en paravent pour d'une absence de vision de la société. Car n'est pas Clémenceau qui veut. Il est particulièrement réducteur de ne conserver en mémoire du grand homme que sa fermeté dans la défense de l'ordre républicain, lui qui inscrivit la question sociale au cœur de son action et n'eut de cesse de refuser toute décision irrespectueuse des droits de l'homme et du citoyen.
A juste titre donc BHL relevait pour le PS, la fin d'un cycle que l'on tente de conjurer par des formules incantatoires sur la "refondation" ou la "rénovation". La réalité est hélas plus terne. Le socialisme se termine en caporalisation. Le Congrès de Toulouse en est la parfaite illustration.
Dans le mode de désignation du Premier secrétaire tout d'abord, c'est le plus voyant. Mais aussi dans la ventilation des sièges du Conseil National (CN), le parlement du parti où la répartition à la proportionnelle des motions s'est traduite par l'envoi d'hommes (ou de femmes) de main inféodé(e)s à telle ou telle écurie.
Cerise sur le gâteau, témoignage suprême de la décomposition morale du parti, au-delà la présence de nombreux conseillers ministériels au CN, la tentative heureusement avortée de la motion 1 de faire entrer Sylvie Andrieux députée des Bouches-du-Rhône - poursuivie pour détournement de fonds publics - ainsi que Dominique Navarro, assistante parlementaire de François Rebsamen, mise en examen pour abus de confiance et épouse du sénateur Robert Navarro également aux prises avec la justice.
BHL dans son entretien de 2009 partait du constat que le Parti qui fut celui de Blum et de Jaurès est en train de perdre ce qui lui restait d'âme et qu'il doit en conséquence disparaître. Peut être. Ce qui est sûr, c'est que faute de renouer avec une gauche morale, le PS est condamné à se diluer, à se déliter. Pas de quoi se désespérer. Quand l'acte de décès de l'astre sera prononcé, viendra le temps du big bang. Pour tout reconstruire.