Festival DANCE 2012 à Munich: la Compagnie Marie Chouinard au BMW Welt

Publié le 29 octobre 2012 par Luc-Henri Roger @munichandco

Photo Marie Chouinard

La Compagnie Marie Chouinard présentait hier soir à Munich son spectacle bODY_rEMIX/les_vARIATIONS_gOLDBERG, un ballet en deux actes qu'elle avait créé pour le  Festival international de danse contemporaine de la Biennale de Venise, en 2005. 
La réputation de la compagnie québecoise a fait salle comble à l'auditorium du prestigieux Monde BMW (BMW Welt), un espace d'exposition à l'architecture révolutionnaire. Malheureusement, la transformation de l'auditorium en salle de spectacle est loin de correspondre à la célèbre technologie de la marque de voiture allemande: la scène est à ras du sol et les gradins disposés de telle manière que l'on voit davantage les têtes des spectateurs que les corps des danseurs, et ce n'est pas le verre de vin mousseux généreusement offert par le sponsor qui peut faire oublier l'inconfort de la salle de spectacle et le handicap visuel qui en résulte.

Photo Marie Chouinard

Les dix interprètes de la compagnie exécutent des variations sur l’exercice de la liberté. Les danseurs apparaissent souvent sur pointes, avec une étude qui repousse les limites des jeux de déséquilibre, car certains danseurs effectuent l'exercice de danser sur une pointe et un chausson plat. A l'autre extrême, des danseurs évoluent sur quatre pointes, parfois à quatre pattes, avec une élégance toute animale. Marie Chouinard multiplie les recherches sur la gestuelle en dotant ses danseurs de différents supports qui modifient chacun l'organisation du mouvement: pas mal de béquilles ou de prothèses, des cordes, des barres horizontales, des harnais, des trépieds de marche ou des déambulateurs à roulettes. Toute une série d'objets aux usages divers: certains appelés à pallier les handicaps, d'autres utilisés aussi pour des jeux érotiques. Des objets dont l'utilisation mène à la libération du mouvement ou à son contraire: à la contrainte, à la limitation du mouvement. Avec ces objets, on rentre dans un monde gestuel inusité, ou que la plupart évitent généralement de considérer. Et on se met à réfléchir: comment un handicapé vit-il sa motricité, son absence de motricité, comment peut-on, peut-il y remédier? Marie Chouinard offre ici les résultats d'une recherche sur le corps de l'autre, avec une lucidité qui n'est pas dénuée de  tendresse. Elle élargit le champ de la danse en y intégrant plus de l'humanité, en, allant à la découverte de l'autre, celui qui d'ordinaire n'est pas invité à la danse, sinon en spectateur. Le travail exigé des danseurs et leurs performances sont en tous points extraordinaires, et le résultat est à la hauteur des exigences de la chorégraphe.
La recherche sur le corps est intrinsèquement lié à la recherche sur le son: le corps vit par son souffle et Marie Chouinard explore la respiration, son bruit mais aussi ses silences. Elle revisite les Variations Goldberg en en analysant la quintessence, en complicité avec le compositeur Louis Dufort: il s'agit d'y retrouver ces pulsations primordiales qui se démultiplient quasi à l'infini, et de les incarner dans le corps des danseurs. Des variations de danse sur des variations musicales, qui mènent aussi à la transgression des limites du monde motionnel, et partant émotionnel, connu. 
Musique 
Louis Dufort: Variations sur les Variations
Jean-Sébastien Bach : Variations Goldberg, Variations 5, 6, 8, Extraits vocaux de Glenn Gould.
Costumes et coiffures 
Vandal