Reynald Secher, auteur de Vendée, du génocide au mémoricide, a reçu le 17 octobre le Prix littéraire des droits de l’Homme 2012. L'occasion de revenir sur la polémique suscitée par les travaux de l'historien : peut-on qualifier de "génocide" les massacres qui ont eu cours en Vendée en 1793 ?
Par Georges Kaplan.
Massacre du Moulin-de-la-Reine, le 5 avril 1794, 22 femmes et enfants sont fusillés (vitrail de l'église de Montilliers, par Jean Clamens, 1901)
Controverses sur la Vendée
Reynald Sécher vient d’être récompensé par le Prix des nouveaux droits de l’homme, pour ses livres consacrés à ce sujet.
- Vendée : du génocide au mémoricide : Mécanique d’un crime légal contre l’humanité, préface d’Hélène Piralian, Stéphane Courtois et Gilles-William Goldnadel, éditions du Cerf, 2011.
- La Vendée-Vengé : Le génocide franco-français, préface de Jean Meyer, Presse Universitaire de France, 1986, Librairie Académique Perrin (nouvelle édition), 2006.
Le magazine Causeur a eu la bonne idée de proposer deux articles qui évoquent la question.
- Le premier est de Théophane Le Méné, qui présente la thèse et les chiffres de Reynald Sécher.
- Le deuxième est de Jean-Clément Martin, professeur d’histoire à la Sorbonne, et spécialiste de la question de Vendée. Cet auteur est opposé à la notion de génocide pour désigner les crimes commis en Vendée. Les arguments qu’il avance sont intéressants à connaitre.
-- JB Noé
Je suis d’accord avec Jean-Clément Martin, le terme de « génocide » n’est pas approprié dès lors qu’il est question du massacre des Vendéens par les colonnes infernales de Turreau. Il n’y a pas eu la volonté d’exterminer les Vendéens parce qu’ils étaient vendéens ; la Convention et le Comité de salut public ont sciemment laissé les colonnes infernales massacrer la population civile par simple souci d’efficacité militaire. Piètre consolation !
La Convention et le Comité de salut public ont cautionné et ils ont cautionné avec une lâcheté inimaginable. Ils connaissaient précisément les intentions de Turreau, ils savaient pertinemment ce qu’il allait faire mais se sont bien gardés de donner la moindre instruction écrite. Le paroxysme de lâcheté étant sans doute atteint avec la lettre du 6 février 1794 de Carnot à Turreau.
Reste qu’en Vendée et ailleurs, ils ont massacré ou plutôt fait massacrer sans aucun discernement. Ils ont nommé des fanatiques pour organiser la terreur (Carrier à Nantes !) et envoyé leurs armées de sans-culottes piller, violer et tuer parce que, pour ces gens, la fin justifiait les moyens ; pour ces gens-là, sauver la révolution était une cause qui justifiait amplement que l’on commette le pire. « Tout ce qui se passe est horrible, disait l’autre Saint-Just, mais nécessaire. »
Monsieur Martin se demande pourquoi « une partie de l’opinion de droite » éprouve le besoin « de dénoncer l’ennemi jacobino-bolchevique. » Vous vous méprenez cher Monsieur. D’une part, plaise à Dieu que ce ne soit pas qu’une partie de l’opinion « de droite » qui dénonce cet ennemi mais la plus grande partie des opinions de gauche, de droite et du centre. D’autre part, l’ennemi n’est pas (seulement) « jacobino-bolchevique », il est totalitaire.
L’ennemi, ce sont ces gens qui pensent que la fin justifie les moyens.
L’ennemi, ce sont ces gens qui estiment que leur cause justifie les pires crimes.
Le Comité de salut public, au même titre que les bolchéviques, les nazis ou les khmers rouges étaient de cette engeance-là. La Bête ne donne pas nécessairement dans le génocide : elle tue par fanatisme, parce qu’elle n’a aucun respect pour la vie humaine, parce qu’elle se croit investie d’une mission qui lui donne tous les droits.
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