Plus proche des usages et des besoins des citoyens, la ville du futur devrait être enrichie, plus interactive et collaborative.
Interview de Stéphane Cagnot, fondateur de dedale, une agence dédiée à la culture, aux nouvelles technologies et à l'innovation sociale en Europe. L'agence faisait partie des acteurs innovants qu'il était possible de rencontrer lors de Demain dans ma vie, organisé par la ville de Paris.
L'Atelier : A quoi va ressembler la ville du futur?
Stéphane Cagnot : Je dirais que l'un des enjeux futurs, c'est de penser et imaginer les services qui vont changer la ville. Cela va représenter une grande partie du travail pour l'ensemble des acteurs économiques, sociaux, les collectivités publiques. Aujourd'hui, nous avons les contenus et les technologies (Internet et Mobile) qui fonctionnent, les réseaux aussi sont suffisamment rapides. L'important, ce n'est pas tant de savoir qu'il y a deux pizzerias et un supermarché à proximité, mais d'imaginer des services collaboratifs qui vont associer et faire se rencontrer des groupes de gens en fonction de leurs intérêts. Il faut imaginer d'autres modes de mise en relation au niveau des villes.
Par contre, en termes de conception et de design, on est encore à l'âge de pierre. Très peu de gens ont vraiment pensé des services pertinents qui répondent à de nouveaux usages. Mais, le processus est vraiment en train de se faire. Il y a encore peu d'offres de services, contrairement aux services marchands qui sont en train de naître, même s'ils sont relativement basiques compte tenu des moyens qui sont mis en œuvre par ces acteurs économiques.
La ville sera-t-elle plus orientée vers l'humain ou vers la technologie à l'avenir ?
Côte technologie, la question est comment faire en sorte que les technologies contribuent à recréer du lien social dans la ville de demain? Dernièrement, elles ont eu tendance à casser le lien social et à homogénéiser l'espace urbain. La deuxième vague, ça va être de créer un écosystème beaucoup plus hétérogène avec une diversité qui n'existe pas aujourd'hui. Le citoyen doit s'emparer de ces réseaux et de ces outils pour recréer du lien social, pour avoir une vie urbaine plus confortable.
Côté humain, la ville enrichie est encore à organiser et mettre en place. Elle sera plus interactive, plus collaborative et elle va s'organiser autour de projets collaboratifs, d'innovation et de services. Finalement, il y a un équilibre à retrouver entre l'offre de service du marché et les usages des citoyens. Aujourd'hui, les services sont proposés de manière brutale sans que cela ne répondent à un besoin ou à un usage. L'idée, c'est de repartir des usages et des besoins pour imaginer de nouveaux services.
Qui doit donner l'impulsion pour conduire cette transformation?
Ce sera une dynamique qui devra être portée par les usagers eux-mêmes ou les citoyens. Avec la démocratisation des outils, les technologies numériques offrent de nouvelles opportunités en matière de lien social et de projets collaboratifs. Les personnes peuvent fabriquer des projets et devenir acteurs de leurs villes. On passe d'une logique d'économie industrielle - avec une offre et une demande, une production de biens en grande quantité - au développement d'écosystème sur des segments particuliers. Les entrepreneurs peuvent être en relation directe avec leurs clients sans passer par une chaîne de production ou de distribution. Cela modifie l'économie du domaine.
Lors de l'événement Demain dans ma ville organisé par la mairie de Paris, la plupart des projets de startups étaient des projets souvent d'usagers qui, confrontés à une problématique personnelle, d'une expérience ont construit un projet de société, d'un nouveau produit ou service.