Par Bernard Vassor
Les troubles ont débuté dans la journée du 10 avril 1865 lors d’une manifestation des étudiants de l’université madrilène protestant contre le renvoi d’un de leurs professeurs qui venait d’être révoqué. La brutalité de la garde civile à l’encontre des manifestants a, comme toujours dans ces cas-là, fait monter la pression et nourri le flot des étudiants. Dès la tombée de la nuit, la Puerta del Sol et les rues avoisinantes étaient encombrées de mécontents. Les charges de la cavalerie et de la garde civile pour dégager les rues ont fait des blessés parmi les bourgeois qui n’avaient pas la vitesse des jeunes, gens pour échapper aux forces armées. Quelques émeutiers qui s’étaient réfugiés dans une maison en construction se mirent à jeter les matériaux à leur disposition, des pierres et des briques contre la cavalerie et les gardes. Plusieurs soldats furent blessés. L’infanterie a tiré sur la foule sans faire de blessés selon les journaux gouvernementaux, qui n’allaient pas bien sûr dire le contraire. Cela se passait à 8 heures du soir, les rues de San Geronimo et d’Alcala, au lieu de se vider, ont vu le nombre des émeutiers décupler, jusqu’à obstruer complètement ces deux voies. Dans la rue de Séville, dommage collatéral, un employé du ministère a été tué d’une balle en pleine poitrine. Un ouvrier roula à terre, mortellement touché par un coup de sabre sur la tête. Plusieurs militaires et quelques badauds furent conduits à l’ambulance de la rue Jacometreza , victimes disent les gazettes de blessures à l’arme blanche. Il y eut de nombreuses arrestations, à minuit, on comptait plus de cent prisonniers appartenant à la classe ouvrière. Le calme est revenu à 3 heures du matin laissant le centre de Madrid dévasté. Dans la rue de Tolède et dans les faubourgs, il ne s’est rien passé. L’autorité civile n’a pas publié de proclamation, et les journaux ont été priés de faire l’impasse sur ces troubles