L'actualité des paiements continue à se déverser sans discontinuer. Mais ce sont de plus en plus souvent les mêmes recettes, parfois archaïques, qui ressortent et l'innovation semble progressivement marquer le pas dans le secteur. Signe de cet "apaisement", quelques acteurs historiques commencent à apparaître sur le devant de la scène (sans nécessairement convaincre, cependant).
Dwolla est, depuis quelques temps, l'acteur qui monte dans le secteur des paiements (aux États-Unis), grâce à une solution qui veut rompre avec le statu quo en tentant de prendre la place des grands réseaux (Visa, MasterCard...). Cette option lui permet d'afficher des tarifs particulièrement alléchants et de défier le géant PayPal.
Dans la guerre qui l'oppose à son grand concurrent, la startup vient d'engager une nouvelle bataille avec le lancement, encore expérimental à ce stade, d'une option de paiement "de masse". Celle-ci permet de réaliser en une opération une série de règlements à destination d'un maximum de 2000 bénéficiaires. Dwolla peut ainsi offrir une solution intéressante aux professionnels qui doivent rémunérer une multitude de fournisseurs ou d'employés et attaquer de cette manière une nouvelle cible de clientèle.
Quand les banques ont tendance à négliger leur clientèle professionnelle, cela crée des opportunités pour de jeunes pousses. C'est le cas de PEX Card, qui innove dans le domaine des cartes "corporate" avec une approche prépayée spécifiquement adaptée à un contexte d'entreprise.
Le principe en est astucieux. Tout d'abord, l'organisation dispose d'un compte (prépayé) unique qu'elle alimente à volonté. Ensuite, elle attribue une carte de paiement à chacun des collaborateurs concernés. La dernière pièce du puzzle est une application en ligne à partir de laquelle l'administrateur va allouer, dynamiquement, les fonds disponibles à chacun des porteurs en fonction des dépenses qu'il aura à réaliser.
Le système intéressera particulièrement les PME qui souhaitent simplifier la gestion des frais professionnels de leurs collaborateurs mais hésitent à distribuer des cartes de crédit classiques. Le marché est sans nul doute important et a de sérieuses chances d'être séduit par la proposition de PEX Card.
Bien que je sois toujours aussi sceptique quant à l'intérêt des cartes "programmables" de Dynamics, les applications qu'elles suscitent démontrent une créativité intéressante. Dernier cas en date, l'éditeur de jeux sociaux Social Cubix prévoit de lancer un jeu dont l'avancement et le score seront conditionnés par les dépenses effectuées.
Cette nouvelle application ne révolutionnera peut-être pas le monde des paiements mais, avec d'autres, elle a au moins le mérite de démontrer la valeur qu'apporte à un écosystème son ouverture aux développeurs tiers. Car c'est bien depuis qu'elle a franchi le pas que Dynamics peut se vanter d'attirer l'attention avec des déclinaisons originales de son concept de base.
Presque 2 ans après sa première annonce, l'initiative ISIS des principaux opérateurs de télécommunication américains voit enfin le jour, avec le lancement d'un pilote à Austin (Texas) et Salt Lake City (Utah).
Typique des tentatives de promotion du paiement sans contact (NFC), celle-ci a multiplié les délais et les retards, pour finalement accoucher d'une souris, expérimentale et sans les services à valeur ajoutée promis initialement.
Et s'il restait encore des optimistes, je conseille la consultation des étapes de la procédure à suivre pour participer à l'expérience : tout d'abord, outre l'exigence d'être basé dans une des deux villes citées, il faudra également être propriétaire d'un des 9 modèles de mobiles supportés (bien évidemment, l'iPhone n'en fait pas partie). Ensuite, il faudra demander une carte SIM spéciale à son opérateur et télécharger l'application ISIS. Pour finir, il restera à configurer dans cette dernière une carte de crédit compatible (American Express, Capital One ou Chase) ou à utiliser la carte prépayée fournie automatiquement.
Tout cela pour quoi ? Pour pouvoir payer avec son téléphone dans environ 400 boutiques dans chacune des 2 villes pilotes ! Qui peut prendre une telle farce au sérieux ?
La toile française s'en est largement fait l'écho : l'hexagone est le théâtre d'une des premières implantations à grande échelle de "paiement biométrique", via une expérience lancée par Auchan, dans une grande surface de la région lilloise, avec la jeune pousse Natural Security (dans laquelle elle a d'ailleurs une participation financière).
Par rapport à d'autres, la technologie retenue ici présente l'avantage d'être compatible avec les exigences de protection des données personnelles (en particulier celles de la CNIL), car les informations biométriques restent toujours en possession de l'utilisateur. En effet, elles sont enregistrées sur une carte, à laquelle le lecteur du commerçant se connecte (par réseau sans fil au standard Zigbee, apparemment) pour authentifier l'image capturée du réseau veineux du doigt du client.
Malheureusement, dans son incarnation actuelle, la solution est peu pratique, même si elle facilite réellement l'acte de paiement. En effet, le client devra toujours avoir sur lui sa carte et l'étui l'accompagnant, qui lui fournit l'énergie nécessaire pour fonctionner, et dont il faudra s'assurer qu'il est bien chargé... Il faudra donc attendre une autre génération pour un système vraiment opérationnel. Peut-être sur mobile (et en Bluetooth) ?
En dépit du gigantesque flop qu'il a connu depuis son démarrage en 1999, Moneo continue à survivre, bon an mal an. Sa dernière "innovation" s'appelle "Moneo Resto" et consiste à transférer les titres repas imprimés sur une carte de paiement, comme cela existe dans d'autres pays (par exemple en Belgique).
Il semblerait que cette avancée n'ait jamais pu se produire plus tôt en France en raison d'une législation ambiguë. Cependant, quitte à faire un pas en avant, on aurait pu espérer une transition directe vers les technologies du 21ème siècle (le mobile ?). Las, les traditions de Moneo ont la vie dure...
Dans le même esprit d'innovation à retardement, 5 grandes banques françaises (BPCE, Crédit Mutuel - CIC, BNP Paribas, Société Générale et Crédit Agricole) ont annoncé une initiative commune en vue de faciliter le paiement électronique de factures, basée sur la messagerie sécurisée SEPAMail.
Alors que le paiement de factures au sein des services de banque en ligne est, depuis des années, une fonction standard dans une majorité de pays développés, il y n'y a pas ici de quoi pavoiser. D'autant plus qu'il s'en faut encore beaucoup de voir une quelconque généralisation à ce qui est présenté comme une expérimentation, à laquelle il semblerait que les grands facturiers n'aient même pas encore commencé à adhérer...