Alors que l'on commence tout juste à pouvoir véritablement évaluer, sur un plan épidémiologique, les conséquences en termes de morbidité et de mortalité du tabagisme chez les femmes, cette première étude, publiée dans l'édition du 26 octobre du Lancet montre que, pour les femmes aussi, fumer double le risque de mortalité à 12 ans et réduit la durée de vie d'au moins 10 ans. Mais qu'il est toujours temps de s'arrêter : Ainsi, arrêter avant 40 ans évite plus de 90% de la surmortalité et arrêter avant 30 ans, plus de 97%.
La seconde étude, publiée dans l'édition du 25 octobre du British Medical Journal, montre, également chez les hommes, que fumer réduit de 10 ans l'espérance de vie (au Japon). Et, là encore l'étude conclut qu'une partie du risque peut être évitée avec l'arrêt du tabac et de préférence avant 35 ans.
La première étude, publiée dans le Lancet, porte principalement sur le tabagisme chez les femmes dont on est, seulement au 21è siècle, capable de bien mesurer les effets néfastes pour la santé, les femmes ayant commencé à fumer beaucoup dans les années 40 en Europe et aux Etats-Unis.
Les Drs Kirstin Pirie et Richard Peto de l'Université d'Oxford ont analysé les données d'une étude prospective portant sur 1,2 million de femmes, britanniques, recrutées de 1996 à 2001 et puis réinterrogées 3 puis 8 années plus tard. Les participantes ont ainsi été suivies en moyenne 12 ans et ont renseigné par 3 fois leur statut tabagique, le nombre de cigarettes fumées, la date de cessation…Les données de mortalité ont été relevées à partir des registres nationaux. Les chercheurs ont calculé les risques relatifs ajustés pour chaque catégorie de fumeuses ou ex-fumeuses ou non-fumeuses.
· Au départ de l'étude, 20% des participantes étaient fumeuses, 28% anciennes fumeuses et 52% n'avaient jamais fumé.
· Durant le suivi de l'étude, 6% des participantes sont décédées, à un âge moyen de 65 ans.
· Les femmes fumeuses au départ de l'étude présentent un risque de mortalité deux fois plus élevé que les participantes n'ayant jamais fumé (RR : 2,76 IC : 95% de 2,71 à 2,81)
o et cela bien que 44% des fumeuses au départ de l'étude aient, entretemps cessé de fumer.
· Ce taux de mortalité est multiplié par 3 indépendamment de l'âge, chez les personnes fumant encore 3 ans après le début de l'étude (Ratio des taux RR: 2,97 de 2,88 à 3,07).
· Même pour les femmes qui fumaient moins de 10 cigarettes par jour au départ de l'étude, la mortalité à 12 ans, double par rapport aux non fumeuses (RR: 1,91).
· Parmi les causes les plus fréquentes de décès : à 12 ans, le risque de cancer du poumon est multiplié par 21 par rapport aux femmes non fumeuses.
· Les fumeuses qui ont cessé de fumer soit entre 25 et 34 ans ou 35 et 44 ans présentent des risques respectifs de 1,05 et de 1,20 de décès toutes causes confondues,
o et de 1,84 et 3,34 pour la mortalité par cancer du poumon.
En conclusion, alors que les données montrent que le risque de décès triple chez les fumeuses, que 53% des fumeuses vs 22% des femmes n'ayant jamais fumé meurent avant l'âge de 80 ans, les auteurs concluent à une différence de 10-11 ans de longévité entre fumeuses et non fumeuses. Ainsi, pour les femmes britanniques, sur lesquelles porte cette étude, les deux tiers de tous les décès des fumeuses de la tranche d'âge de 50 à 70 ans sont causés par le tabagisme et ces fumeuses perdent au moins 10 années de durée de vie.
Arrêter avant l'âge de 40 ans évite plus de 90% de la surmortalité causée par un tabagisme continu et arrêter avant 30 ans, plus de 97%.
La seconde étude, publiée dans le British Medical Journal, montre, également chez les hommes, que fumer réduit de 10 ans l'espérance de vie au Japon et non de 4 ans, comme on le pensait auparavant, expliquent les experts. Et, là encore l'étude conclut qu'une partie du risque peut être évitée avec l'arrêt du tabac et de préférence avant 35 ans.
Car des études précédentes avaient suggéré, au Japon, une réduction d'espérance de vie liée au tabagisme, inférieure au Japon que dans d'autres pays, comme le Royaume-Uni ou les Etats-Unis. Cette nouvelle étude, de chercheurs d'Oxford et du Japon a regardé l'impact du tabagisme sur la mortalité, sur une population de 68.000 hommes et femmes Japonais qui vivaient à Hiroshima ou à Nagasaki en 1950 (mais sans rapport avec l'exposition aux radiations) à partir des données de l'étude cohorte Life Span Study (LSS) et sur une période de suivi moyenne de 23 ans.
Une décennie d'espérance de vie en moins : Les fumeurs nés dans les années 1920-1945 et qui ont donc commencé à fumer avant l'âge de 20 ans perdent près d'une décennie d'espérance de vie et ont un risque double de mortalité sur la durée de suivi, vs les non-fumeurs, ce qui suggère que plus de la moitié de ces fumeurs finiront par décéder du tabagisme. Les résultats sont identiques pour hommes et femmes.
Les participants, hommes et femmes qui ont arrêté de fumer avant 35 ans évitent, là encore, presque tous les excès de risque chez les fumeurs actuels, et même ceux qui ont arrêté autour de 40 ans en évitent la plupart, écrivent les auteurs.
Sources:
Lancet DOI: 10.1016/S0140-6736(12)61720-6 27 October 2012 The 21st century hazards of smoking and benefits of stopping: a prospective study of one million women in the UK
BMJ 2012;345:e7093 25 October 2012 Impact of smoking on mortality and life expectancy in Japanese smokers: a prospective cohort study (Visuel Fotolia)
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