Magazine Humeur

Cimetière

Publié le 28 octobre 2012 par Feuilly

Je suis revenu.

Je suis revenu au village après toutes ces années d’absence. Vingt ans au moins,  si pas plus.

J’ai ouvert la petite grille du cimetière, qui a grincé comme autrefois. Rien ne semblait avoir changé.

Les tombes, avec leurs croix de pierre, étaient blotties contre le mur de la vieille église et les arbres  penchaient toujours vers elles leur feuillage abondant.

Je me suis avancé dans l’allée de gravier, le cœur battant. Le silence était impressionnant. Les oiseaux, en ce début d’automne, étaient partis et j’étais vraiment seul.  

 Alors, tout en marchant, j’ai regardé autour de moi.

 Ils étaient tous là. Tous ceux que j’avais connus et tous ceux dont le nom m’était familier. Il n’en manquait pas un. Ils avaient été les compagnons d’école de mes parents.  Parfois, je les avais rencontrés, revenant des  champs, et tenant par la bride leurs chevaux de labour.  Ils s’arrêtaient un instant et roulaient une cigarette en évoquant le bon vieux temps.

Et aujourd’hui ils étaient là. Leurs noms s’alignaient les uns après les autres sur les pierres des tombes. Ils étaient de nouveau réunis, comme autrefois autour du « Maître d’école», quand ils étaient enfants. Mais ils étaient sages comme ils ne l’avaient jamais été, et immobiles à jamais.

Il n’en manquait pas un. Ils étaient tous là.

J’ai refermé la petite grille derrière moi et je suis parti, méditant sur les années qui avaient passé. Un coup de vent fit voler quelques feuilles jaunes. L’automne, déjà, était là, annonçant un hiver qui approchait à grands pas. 

Photo personnelle octobre 2012

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