Marianne a titré son numéro du 27 octobre « Contre le panurgisme médiatique ». Il faut en effet reconnaître que, le plus souvent, avec un ensemble attendrissant, les médias traitent les mêmes thèmes ou ignorent les mêmes informations. Ainsi, par exemple, il nous a fallu attendre le 25 octobre pour voir reprise à la télévision une information parue en première page dans le Canard enchaîné du 11 octobre, titrée « Allô Peugeot, c’est Sarko ». A moins de tenir Camille Pascal, ancien rédacteur de Nicolas Sarkozy pour un menteur lorsqu’il rapporte dans son ouvrage « Scènes de la vie quotidienne à l’Élysée » une conversation téléphonique entre notre précédent président et Philippe Varin, PDG de PSA, il est avéré que ces deux dirigeants se sont bien entretenus du plan social en préparation dans cette entreprise.
Notre gouvernement pense qu’il s’agissait de repousser l’annonce de ce plan social après l’élection présidentielle, ce qui aux yeux de tout observateur impartial est l’hypothèse la plus plausible, tandis que François Fillon, soucieux de rattraper ce qui a tout l’air d’une maladresse de sa part, prétend que le président s’efforçait de différer ce plan social, et non sa seule annonce. Notre ministre du Redressement productif, au moment de cette annonce, a imprudemment déclaré que ce plan social était en l’état inacceptable, avant de s’apercevoir que l’État ne disposait pas des moyens de s’y opposer. Cette attitude avait au moins une qualité, c’était d’être publique, à l’opposé des manœuvres souterraines de Nicolas Sarkozy, conduites avec pour seule politique « après moi, le déluge ».
Autre exemple de cette partialité de nombreux commentateurs, hélas de tous bords. Jean-Marc Ayrault a en effet annoncé l’autre jour la censure par le Conseil constitutionnel de la loi de Cécile Duflot sur le logement avant que les sages n’eurent rendu leur décision. Mais leur censure était prévisible. Madame Duflot souhaitait voir cette loi applicable au plus tôt mais ses services n’ont pas respecté le délai nécessaire à l’examen du texte et le Conseil ne pouvait que prononcer la censure. Mais il ne suffisait pas de cette erreur de procédure pour bloquer une loi au combien nécessaire. Il fallait aussi que des députés et sénateurs de l’opposition demandent la saisine du Conseil, ce qu’ils se sont empressés de faire.
Nombreux sont ceux qui reprochent au gouvernement sa lenteur et son inefficacité. Il est vrai que, n’avoir pas en moins de six mois, redressé la France après les dix ans de dégringolade subie sous une majorité de droite, est proprement scandaleux. Et ce sont ces mêmes contempteurs qui, pour retarder une loi qui malgré leurs efforts, finira par être votée, se font procéduriers et osent parler de lenteur.
Dans une annexe, je reprends le texte cité par le Canard. Vous pourrez constate que, dans sa conversation avec le patron d’une grande entreprise, notre irremplaçable ancien président se comporte plus comme un adjudant (pardon aux adjudants) envoyant un bidasse en corvée de latrines, que comme un homme d’État.