[Critique] THE LAND OF HOPE de Sion Sono

Par Celine_diane

[AVANT-PREMIERE]   The Land of Hope est le premier film, à l’exception du documentaire, à évoquer l’après Fukushima, la catastrophe nucléaire qui a secoué le Japon début 2011. Comme en témoigne un récit à la sensibilité à fleur de peau, tour à tour poétique, élégiaque et brutal, les plaies ne sont pas encore cicatrisées, les souffrances et douleurs hantent encore, et hanteront longtemps, l’Histoire du pays. Le film suit deux familles, les Ono et les Suzuki, arbitrairement séparées par une barrière après l’explosion. Ils habitent Nagashima, une ville qui n’existe pas réellement mais qui sonne littéralement comme un subtil mélange de Nagasaki et Fukushima. D’un côté, le gouvernement évacue les populations ; de l’autre, il fait comme s’il n’y avait pas de nuage toxique, aucune menace. Une aberration que souligne The Land of Hope, fidèle à ce qui s’est passé : absence de communication du gouvernement, irrespect envers les locaux, géante campagne de minimisation des dangers conséquents au nucléaire- orchestrée et soutenue par les médias japonais. Dès le départ, le récit se scinde en deux : ceux qui restent, ceux qui fuient. Tous, essayant de survivre au cœur du silence imposé. 
Parmi eux : trois couples, dans des situations variées. Le premier est le plus touchant : Ken, septuagénaire qui prend soin de sa femme malade, refuse obstinément de quitter la maison dans laquelle il a élevé son fils Mitsuru. Un fils, futur papa, qui tente de protéger à tout prix le bébé, encore dans le ventre de son épouse, des ravages des radiations. Le dernier couple, lui, marche pas à pas, parmi les ruines, à la recherche des disparus. En trois temps, Sion Sono offre une peinture du Japon post-Fukushima, peinture socio-politique aux accents cinématographiques remarquables. Le film, et ses histoires d’amours nippones à mi chemin entre minimalisme documentaire et lyrisme de cinéma, allie plutôt bien plages de tendresse et instantanés d’horreur, piques de drôlerie et émotion pure. Travaillé, réfléchi, et dopé par une trame sonore alarmiste qui plonge constamment le spectateur au cœur d’une atmosphère anxiogène, le film réussit- via une étude de caractères fouillée et un regard acéré posé sur la société japonaise- sur les deux tableaux que sont la fiction, et le réel.