Je ne pense pas avoir des idées novatrices en disant qu'en ce moment, le monde de la parfumerie de masse nous ennuie au plus haut point, nous perfumistas.
Cela justifie en partie mon absence des ces dernières semaines : manque d'inspiration, envie de casser du parfum à la pelle tellement je suis déçue par le mode de fonctionnement de la majorité de l'industrie, leurs reformulations sauvages et leurs nouveautés au mieux insipides, voire écoeurantes de mauvais goût.
Puis ce matin, j'ai décidé de revoir mes plans : au lieu d'aller directement au centre commercial, je me suis octroyée un détour dans la parfumerie que je fréquente le plus.
Je me remets à sentir quelques jus que je n'avais plus en mémoire, puis mon regard se pose sur les 3 Courrèges (L'eau, Empreinte et Blanc).
J'avais entendu parler de ces lancements, cela m'avait interpelée mais chez les Sephorionnaud je ne les avais pas vus.
Je m'approche spontanément de Blanc, celui qui d'emblée m'a attirée comme un aimant. Le blanc qui illumine, la couleur de la classe, et par la même occasion, celle de Courrèges.
Je le teste sur touche olfactive et là, je fus suprise par l'originalité de ce jus par rapport aux tendances actuelles.
Certes il ne révolutionne rien, mais ose parler à notre nez et à notre coeur avec retenue, discrétion. Il se confie avec le temps, à qui osera écouter son message.
Comme je m'y attendais, l'odeur est très musquée, mais pas lessivielle pour un sou (on pouvait s'attendre à un White Linen Bis, cependant il n'en est rien). C'est une odeur de propre, assez cosmétique, très "peau" aussi.
Il m'évoque une étole en cachemire blanc cassé, moelleux, confortable, mélange de chaleur et de pureté.
Un peu comme la neige qui tombe en flocons légers et vaporeux, qui vole çà et là, et semble d'une évidence sans pareille.
Vus de l'intérieur d'un chalet, pelotonné dans un fauteuil douillet à la chaleur de la cheminée, les flocons semblent d'une poésie poudrée, d'une douceur infinie, mais n'évoquent pas forcément le froid de l'eau devenue solide.
A mes yeux, Blanc répresente vraiment cet univers. Ainsi il serait parfait en parfum d'hiver, rassurant à souhait, trouvant justement très facilement sa place sur une étole en cachemire blanc.
J'ai ressenti le besoin immédiat de retester le jus, sur peau cette fois. Ce qui m'a permis de mieux appréhender les diverses facettes de ce joli parfum.
Tout d'abord il démarre sur une note fruitée douce, légèrement florale. J'ai mis quelques minutes à me résoudre à l'idée que c'était une note rose-litchi, tellement elle était exprimé avec délicatesse.
Ceci était d'autant plus improbable qu'elle s'accomodait fort bien d'un iris poudré comme je les aime.
Une légère facette épicée se laisse parfois deviner, mais elle n'est pas trop imposante fort heureusement.
Ensuite ce jus évolue vers un coeur floral et poudré (rose et iris toujours), avec quelques pincées d'héliotropine et de muscs qui renforcent l'aspect crémeux de la fragrance.
Puis nous arrivons sur un fond évidemment musqué mais aussi ambré doux.
La marque revendique même la présence d'un patchouli blanc, c'est à dire éclairci de ses facettes sombres et humides.
En bref, sur touche ou sur peau, c'est un coup de coeur absolu, je pense le mettre sur ma liste de Noël, et je lui souhaite une certain succès afin qu'il ne disparaisse pas trop vite des rayons au profit des "La vie est belle" et autres impostures ...