©Inconnu
Berlusconi est tombé comme Al Capone. Sans doute trop tard mais jamais trop tôt. Il est condamné pour fraude fiscale « massive » à quatre ans de prison ferme et interdit d’exercice public pendant trois ans.
C’est bien léger tout ça. Un certain Jérôme K pourra vous le confirmer. Et tant d’autres. Qu’on se rassure. L’ex-chef du gouvernement italien n’ira pas derrière les barreaux grâce à son pourvoi et à la prescription.
Il n’est pas certain que Berlusconi se sente humilié par cette condamnation. L’honneur et la dignité, monsieur connaît pas. C’est un éhonté pur jus. C’est cependant la fin de 20 ans de grotesque et de frasques dignes de la décadence la plus absolue.
Mais des éhontés de la démocratie , il y a en a à foison
Berlusconi ne pourra pas execrcer une fonction publique pendant cinq ans. La belle affaire. Le mal est fait. Pourquoi certains ne sont-ils condamnés que bien après les faits? Parce que le système est verrouillé. Demandez à Lance.
« Fraude fiscale massive ». Qu’un italien de base s’amuse à frauder le centième de Berlusconi, vous verrez ce qui lui tombe sur le dos.
Selon les magistrats, le Cavaliere aurait artificiellement gonflé le prix des droits de diffusion de films, achetés par des sociétés écrans lui appartenant, lors de leur revente à Mediaset. De 368 millions de dollars pour la seule période 1994-1998 et de 40 millions d’euros de 2001 à 2003.Mediaset a également constitué des caisses noires à l’étranger et réduit ainsi ses bénéfices réalisés en Italie pour payer moins d’impôts. Selon le procureur, près de 170 millions de dollars ont été placés dans des caisses noires.
Frasques sexuelles, accointances avec la Mafia, corruption dans les marchés publics, pressions diverses, détournements multiples et divers, … Il aura tout fait Berlusconi. Y compris assurer son immunité en faisant adopter des lois qui le protègent. Ou quand la démocratie est autocratie se confondent.
Les révélations en 2010de Wikileaks sur les notes de la diplomatie américaine avaient permis de connaître l’opinion des dirigeants américains à son encontre: un homme « incapable, vaniteux », un leader européen « inefficace », « faible à la fois physiquement et politiquement », qui, le jour, se présente exsangue et las après s’être livré des nuits entières à des fêtes débridées [wild parties], des orgies et des festins.
Le PDL, le parti créé par Silvio Berlusconi, a immédiatement accusé les magistrats de vouloir briser définitivement la carrière politique de Silvio Berlusconi.
A gauche, on estime que l’ancien premier ministre a terminé sa course. Cela pourrait être vrai, le parlement devant approuver une loi interdisant aux personnes condamnées en première instance d’être élues.
Quoiqu’il en soit, si il y a bien quelqu’un qui a été ridiculisée dans cette histoire, c’est L’Italie. Curieux de savoir comment des personnes de cet acabit accèdent au pouvoir et s’y maintiennent
Il paraît qu’en démocratie on a les dirigeants qu’on mérite. On voit bien que comme avait dit Churchill que « la démocratie est le pire des systèmes politiques, à l’exception de tous les autres. »
Mais des Beslorcuni, les démocraties en regorgent. Inutile d’aller chercher aussi loin que les deux clowns internationaux Poutine-Medveded.
En France, des condamnés de font réélire et insultent la démocratie tous les jours.
Les affaires nuisent en effet rarement à la carrière de nos hommes politiques. Condamnés par la justice, démis de leurs fonctions, plusieurs d’entre eux ont réussi leur retour dans les urnes. On a même parlé de « prime à la casserole » à propos des élus condamnés par la justice puis réélus, parfois largement, par leurs concitoyens.
Et il y en a pour tout le monde.
Avec 40% des suffrages, Jean-Paul Alduy a été élu maire de Perpignan le 21 juin 2009 après l’invalidation de son élection en mars 2008 pour fraude électorale dite « fraude à la chaussette ».
Patrick Balkany est maire de Levallois-Perret de 1983 à 1995 et depuis 2001, et député des Hauts-de-Seine de 1988 à 1997 et depuis 2002. Il a été condamné en mai 1996 à quinze mois de prison avec sursis, 200 000 francs d’amende et deux ans d’inéligibilité par le tribunal correctionnel de Nanterre pour avoir fait fait travailler à l’entretien de son domicile et de sa résidence secondaire trois employés municipaux. En 2001, Patrick Balkany se présente sans étiquette et emporte les élections face au maire sortant soutenu par le RPR et l’UDF, Olivier de Chazeaux. En 2002, il est réélu député des Hauts-de-Seine. À la suite d’un recours préfectoral, le Conseil d’État considère, en juillet 2002, qu’il était inéligible au moment du scrutin de 2001 et annule son élection. De nouveau éligible lors de l’élection municipale du 22 septembre 2002, Patrick Balkany est réélu maire de Levallois-Perret dès le 1er tour. En 2007, le conseil municipal lui fait une remise gracieuse des plus de 200 000 € dus à la commune. M Balkany mène ses conseils municipaux d’une manière exemplaire.
Pierre Berdier: Député-maire de Mantes-la-Jolie entre 1995 et 2005, président du Conseil général des Yvelines de 2005 à mai 2009. Condamné en 2006 à 18 mois de prison avec sursis, 50 000 euros d’amende et trois ans d’inéligibilité pour corruption passive et recel d’abus de biens sociaux, Pierre Bédier fait appel de cette décision, l’appel ayant un effet suspensif. Il est réélu président du Conseil général des Yvelines en 2008. Le 20 mai 2009, la Cour de cassation de Paris confirme la condamnation de Pierre Bédier ; il est démis de ses fonctions deux jours plus tard.
Maire d’Istres (Bouches-du-Rhône) de mars 2001 à novembre 2002, François Bernardini est condamné pour une série d’affaires politico-financières à dix-huit mois de prison avec sursis, 400 000 francs d’amende et cinq ans d’inéligibilité. Il est réélu en mars 2008 à la mairie d’Istres.
Maire de Dieppe de 1989 à 2001, Christian Cuvilliez est condamné en 2003 par la Cour d’appel de Rouen à un an de prison avec sursis et à deux ans de suppression des droits civiques, civils et de famille pour « détournement de fonds publics et recel ». Après avoir récupéré ses droits civiques en 2007, Christian Cuvilliez est de nouveau candidat aux élections municipales à Dieppe en 2008 sur la liste municipale d’union de la gauche conduite par Sébastien Jumel (qui remporte les élections). Il est réélu au conseil municipal.
Harlem Désir est condamné en 1998 à 18 mois de prison avec sursis et 30 000 francs d’amende pour recel d’abus de biens sociaux. De novembre 1986 à octobre 1987, il a reçu un salaire fictif mensuel de 10 500 francs de l’Association régionale pour la formation et l’éducation des migrants, basée à Lille. En 1999, Harlem Désir est élu député européen. En 2001, il est élu conseiller municipal à Aulnay-sous-Bois. En 2004,à la tête de la liste du PS pour la région Île-de-France pour les élections européennes, il est réélu et promu vice-président du groupe parlementaire du Parti socialiste européen. Il est réélu en 2009.
Xavier Dugoin, maire de Mennecy en 1989, réélu en 1995, ne put se représenter en 2001. Dans le cadre de la disparition de 1200 bouteilles appartenant à la cave du Conseil général de l’Essonne, il est condamné en 2000 pour abus de confiance, détournement de fonds publics, falsification de documents administratifs et prise illégale d’intérêts, à dix-huit mois d’emprisonnement avec sursis, 100 000 francs d’amendes et deux ans d’inéligibilité. Il est aussi impliqué dans d’autres affaires. Il est réélu maire de Mennecy en 2008. Mieux, il serait aujourd’hui candidat pour succéder à Serge Dassault à la mairie de Corbeil-Essonnes… ce dernier venant d’être déclaré inéligible pour un an après l’invalidation des municipales de mars 2008 par le Conseil d’Etat.
Ce n’est pas à titre personnel mais en tant que trésorier du PS qu‘Henri Emmanuelli est condamné en 1997 pour complicité de trafic d’influence dans l’affaire Urba. Condamné à dix-huit mois de prison avec sursis et deux ans de privation de ses droits civiques, Henri Emmanuelli est réélu député PS des Landes en 2000 et président du Conseil général des Landes en 2001.
Jean-François Mancel, président du Conseil général de l’Oise de 1985 à 2004 et député depuis 2002. En 2000, il est condamné en première instance par le tribunal correctionnel de Beauvais (Oise) pour prise illégale d’intérêts dans une affaire mettant en cause ses relations financières avec une société de communication, Euro2C. Il est relaxé en 2001 par la cour d’appel d’Amiens, mais cet arrêt est censuré par la Cour de cassation. En 2005, il est condamné par la cour d’appel de Paris à 18 mois de prison avec sursis, 30 000 euros d’amende et dix ans d’inéligibilité. En 2006, la Cour d’appel de Paris annule son inéligibilité, tout en confirmant sa condamnation avec sursis et son amende. Jean-François Mancel est réélu président de la Communauté de communes du Pays de Thelle en 2001; il est élu député de l’Oise en 2002 et réélu en 2007.
Elu maire de Béthune sans interruption de 1977 à 1996 et député du Pas-de-Calais de 1978 à 1996, Jacques Mellick démissionne de ses fonctions en 1996 suite à sa condamnation pour témoignage de complaisance dans l’affaire OM-Valenciennes. En 2002, suite à l’invalidation de l’élection du maire sortant, Jacques Mellick est réélu maire de Béthune dès le premier tour.
On s’arrêtera là pour aujourd’hui.
Attendons la suite judiciaire qui sera donnée aux agissements d’un certain Nicolas S.
Les mesures à prendre ne sont pas difficiles:
- interdiction de se présenter à tout mandat après une condamnation
- lutter efficacement contre la corruption, et la France est très loin du compte.
- peut-être et surtout comptabiliser les bulletins blancs et rendre le vote obligatoire. « L’abstention pèse
©Eldon
énormément sur la démocratie, les candidats, les partis, les leaders ont le souci de répondre aux demandes de l’électorat réel, bien plus qu’à celles de ceux qui ne votent pas. L’abstention électorale va de pair avec la déshérence de la question sociale, ce n’est pas un phénomène neutre, qui se répartirait uniformément dans toute la société. Elle contribue très largement au déficit en matière de politiques sociales. Si le peuple dans son ensemble s’exprimait davantage, si les plus pauvres votaient en masse, les programmes politiques s’en trouveraient sans doute infléchis en un sens plus social. En tout cas, ils gagneraient en légitimité, quels qu’ils soient. C’est l’inverse que nous observons : aujourd’hui, la sphère politique classique est discréditée, ce qui nourrit les extrêmes et le populisme. Reflux des politiques sociales, montée de l’extrême-droite, démission des politiques au profit des experts financiers et technocratiques : voilà des maux qui caractérisent notre temps et que l’abstention vient exacerber. Avec la crise, ces phénomènes se trouvent évidemment renforcés« . (Par Louis-Georges Tin, président du CRAN, et Michel Wieviorka, président du Conseil scientifique du CRAN)
Mais les politiques n’en veulent pas. Devinez pourquoi.
Source: Le Monde