Journaliste au Temps, Marcel Monnier est attaché en 1892 à la deuxième mission du capitaine Louis Binger chargée de délimiter la frontière entre la Côte d’Ivoire et les possessions britanniques de la Côte de l’Or.
Il rapporte en sept mois d’exploration plusieurs centaines de photographies du Soudan méridional et séjourne près d’un mois dans le pays de Kong. Il est séduit par cette ville, gigantesque marché qui lui offre autant de tableaux vivants.
Sa conférence du 16 décembre 1892 à la Société de géographie est très suivie et il publie le récit de son voyage en 1894 : La France noire, Côte d’Ivoire et Soudan
Photo de Marcel Monnier (c) Tous droits réservés
Photo de Marcel Monnier (c) Tous droits réservés
Il naît en 1856 en Alsace. Il s’engage jeune, est officier d’ordonnance de Gallieni, puis réalise les deux expéditions qui vont le rendre célèbre.
Une première traversée de 4000 kilomètres de
Dakar à Grand Bassam en Côte d’Ivoire entre 1887 et 1889, passant par Bamako, Kong (capitale au nord est de la Côte d'Ivoire vers le parc de la Comoé à l’époque, simple village aujourd’hui), Bobo Dioulasso, Ouagadougou…« Passants (Kong) » – 1892 – Marcel Monnier (contretype réalisé par Molténi)
Les aventures sont innombrables dans un continent que Binger est l’un des derniers à parcourir avant que l’influence coloniale fasse son œuvre et détruise chefferies traditionnelles et villes fortifiées. Sa seconde expédition de 2000 kilomètres (janvier - juillet 1892) vise à délimiter la frontière entre la Côte d’Ivoire et la Gold Coast (Ghana) britannique (on est quelques années avant Fachoda).Son intérêt est renforcé par le fait qu’il emmène cette fois avec lui le photographe, Marcel Monnier, qui rapporte plus d’un millier de clichés réalisés grâce à un appareil photographique appelé photosphère
.Un photosphère est donc un petit appareil photographique portable muni d’un pied tropicalisé, que Marcel Monnier réalisa ses clichés. Celui-ci lui fut prêté par la Compagnie française de Photographie. La chambre métallique permettait d’impressionner des plaques de verre de faibles dimensions au gélatino-bromure, assez sensibles pour pouvoir saisir des personnages en mouvement. L'ensemble de ces images livrent témoignage extraordinaire sur les Africains, les villes et la nature du Ghana et de la Côte d’Ivoire.