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Qui pourrait croire qu’un jeudi soir, dans une petite cité finlandaise, un groupe noise garage sortirait l’attirail instrumental pour tout envoyer balader ?! Vous devez très certainement déjà connaître Captured Tracks, particulièrement bien portant en ce moment (The Soft Moon, Mac DeMarco, DIIV …), mais qu’en est-il de la bande suédoise des Holograms, dont l’album est sorti en août dernier ? Tiraillés de part & d’autre par une presse prometteuse, allant de Pitchfork au NME, des Inrocks à Magic, on se risque à dire que OUI, sur CD, dans le salon, ça élime le tapis. Quid de la scène ? Dans ce club finlandais, le Dynamo, c’est un jeudi soir bien blafard. Quelques pèlerins s’aventurent autour de la scène. Le verre à la main, nous lorgnons les alentours. 23h, l’électricité traverse enfin les guitares, nous décidons alors de faire un pied de nez à l’ « effrayant » devant de scène en nous postant devant la bande.
Bande qui nous éjecte auditivement, armés d’un hurlant et chauffant Transform. Aux premiers sons, le contraste est étonnant entre une bande revancharde, chantant avec hargne & un public frigidaire IIKEA. D’un côté, Andreas Lagerström, le regard noir et la voix rageuse alors que sa basse se révèle. De l’autre, les deux frères chevauchant eux aussi la folle folie : Anton Spetze, de sa guitare et de sa voix & Filip Spetze, feignant de temporiser avec un clavier qui recolle les morceaux et fait émerger l’harmonie d’un apparent salmigondis. Tout derrière, le batteur, Anton Strandberg, s’enflamme et affiche un caractère bien trempé.
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Si bien que très vite, sans trop d’efforts, on s’emballe. Sur Chasing My Mind ou ABC City, il n’y a pas à dire, une seule danse s’impose, le secoué de tête. Après l’hymne au « démembrement » cérébral et l’excitation défonçant le plancher du talon, les _presque_ badauds du reste de la salle resteront prostrés, exprimant leurs sensations d’une toute autre manière, assurément. Et sans concession, c’est Monolith qui fut incroyable : une progression fulgurante et presque vicieuse, te mettant dans un état du feu de dieu, te hissant jusqu’à la rage. Le tout sent encore la délicieuse imperfection des débuts et c’est tant mieux. Dans la catégorie regret, le bordel public, qui aurait certainement apporté l’ingrédient suprême à un concert rock à la sueur réussie. Le final, quant à lui, sera monté sur l’épique Hidden Structures, virevoltant et dépravant, si bien qu’Anton Spretze aura la bravoure, ou le malheur, de nous laisser sa guitare. Les ingés sons crieront au carnage, nous martyrisons les cordes avec crainte & délectation. Le tout pour un final tapageur, qu’ils embouteilleront avec bruit, bordel, nerfs, couilles & âmes.
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