Cet obscur Désir de naufrage du PS

Publié le 27 octobre 2012 par Despasperdus

Attention ce week-end, le parti socialiste se réunit en congrès : la classe ouvrière retient son souffle !

Désolé pour cette mauvaise blague parce qu'en l'espèce, cet évènement est un non évènement.

D'abord parce que les résultats sont connus à l'avance : l'Homo socialistus a déjà voté.

Ensuite parce que la motion défendue par les éléphants du gouvernement obtient un score à la soviétique de 68,1%. Harlem Désir et ses comotionnaires avancés (trop drôle !) disposeront d'une majorité confortable dans les instances du parti.

Enfin, le poids des institutions de la Vème République est tel que le PS sera piloté depuis l'Elysée. Certes, sur des sujets sociétaux, voire sociaux, le PS essaiera parfois de jouer une petite musique légèrement discordante. Mais sur le fond, le gouvernement Ayrault pourra toujours s'appuyer sur la direction du PS pour faire avaler les couleuvres de la régression sociale aux rares militants libres (sur ce sujet : Pour les "conseillers", ça va très bien, merci !).

Aussi, dans ce contexte politique et institutionnel, l'aile gauche est marginalisée. Ses 13,4% sont bien maigres surtout si on les rapporte au taux de participation qui n'est que de 46,5% - . Son poids politique interne est purement anecdotique et nul à l'extérieur du PS.

L'aile gôche ne représente plus rien politiquement. Seuls les naïfs et les benêts veulent croire que le score à deux chiffres de l'aile gôche du PS est une bonne chose pour toute la gauche. Elle n'a eu aucune influence sur l'orientation politique du PS et du gouvernement comme le démontre le début de ce quinquennat.

Si les militants et les dirigeants de ce courant ont un minimum de clairvoyance et de courage, ils devraient en tirer toutes les conséquences ! Là serait l’évènement. Se servir de la tribune du congrès pour prendre acte publiquement que le PS ne défend plus les idéaux de la gauche, et quitter le PS pour rejoindre le Front de gauche.

L'aile gôche n'est plus qu'un courant de témoignage qui sert objectivement les intérêts de la direction droitière du PS : une sorte de minorité incantatoire qui légitime le positionnement virtuel à gauche d'un parti qui, à l'instar de ses partis frères du parti socialiste européen (PSE) est devenu un parti social-libéral.

Un parti où non seulement l'économie capitaliste est devenue le cadre indépassable pour penser l'action politique, mais encore les dogmes du néo-libéralisme productiviste ne sont pas sérieusement contestés par des propositions alternatives.

A l'issue du congrès, les membres de la motion défendue par le nouveau premier secrétaire seront ultra-majoritaires dans les instances de direction. Les autres, dont l'aile gôche, auront quelques strapontins pour participer au bureau national et parler dans le vide sur le choc de compétitivité, les baisses de cotisations patronales, les licenciements boursiers, le nucléaire, la retraite à 60 ans, le repos dominical, le logement pour tous, la lutte contre la finance ou le TSCG.

Aussi, l'importance de ce congrès ne tiendra ni dans les petites phrases, ni dans les déclarations autosatisfaites de l'aile gôche, mais dans le soutien sans faille du PS dans la politique austéritaire du gouvernement Ayrault et l'orientation social-libérale du président Hollande.

N'en déplaisent aux amis de Roosevelt 2012 qui ont fait le même pari pascalien du hollandisme révolutionnaire que Todd, à l'instar de ses camarades des PSOE, PASOK, SPD ou New Labour, l'homo socialistus ne quittera pas le navire alors que le naufrage est inéluctable!