Je m'étais inscrit il y a une quinzaine de jours, je m'étais inscrit sur Apéro Bordeaux: le principe est de déguster 3 Bordeaux Supérieurs offerts gracieusement. Vous faites une soirée autour de ces 3 vins, et vous donnez votre avis sur ceux-ci.
Une semaine plus tard, je recevais les fameux vins. Je les ai mis en attente pendant une semaine, histoire de préparer la soirée: trouver des amis, les petits plats qui vont avec. Finalement, le repas a eu lieu samedi soir avec un panel assez original: deux viticulteurs et leurs épouses, une japonaise qui fait des études dans le commerce du vin, Olivier et moi.
Voulant participer totalement au jeu, j'avais délégué le rôle d'organisateur à Olivier. Il avait ouvert les bouteilles, et emballé celles-ci dans du papier alu afin qu'on ne puisse pas savoir les noms des propriétés. Il faut dire que par le plus grand des hasards, la fille d'un des viticulteurs présents est la filleule d'un des producteurs en lice... Fô le faire, non?
Nous avons démarré le repas par des "japonaiseries". Des roulades de thon cru à la menthe et filaments de poireau cru. Puis des cubes de thon cru au sel d'Hawaï et poivre cubèbe.
Pour les accompagner, la cuvée "les acacias" du Domaine du Jonc Blanc. Lui aussi bu à l'aveugle, ce vin a enchanté les convives, même si aucun n'aurait pensé que ça pouvait être un vin issu de sauvignon, et encore moins produit à 3 kilomètres de la maison...
Nous sommes ensuite passé au choses sérieuses. Habitué des dégustations, je sais que l'ordre de service peut être préjudiciable pour un vin. Aussi avions-nous mis trois verres à la disposition de chaque convive afin que les bordeaux puissent être dégustés tout le reste de la soirée.
Nous les avons bus d'abord seuls, sans accompagnement culinaire. Cela permettait de se faire une première idée. Le premier, très séducteur, a plu à tout le monde. Le deuxième, pas complètement en place, a divisé l'assemblée. Le troisième s'est mis tout le monde contre lui par un boisé excessif.
Puis nous les avons rebus sur un rôti de canard accompagné de pommes de terre au four, puis sur du Saint-Nectaire (l'un des seuls fromages connus qui ne "massacrent" pas les vins rouges). Entre temps, les vins avaient pas mal évolué, sans parler du fait que de manger avec modifie sensiblement leur perception: le 2 est passé devant le 1 dans le coeur des dégustateurs. Le 3, par contre, était toujours jugé trop boisé, même si jugé meilleur que précédemment.
Avant de passer au dessert, il était temps de découvrir les différents vins:
Vin N°1, château Pierrail 2005: un nez qui séduit tout le monde, avec ses notes de fruits noirs bien mûrs, d'épices et de benjoin. La bouche est ronde, souple, avec des tannins d'une grande discrétion. Finale de longueur moyenne, avec une légère sensation de chaleur . On peut le comprendre lorsqu'on lit qu'il fait tout de même 14.5% d'alcool!
Au final, un vin très agréable qui peut se boire dès maintenant. Je ne suis pas certains q'ils gagnera beaucoup au vieillissement.
Il a été le vin préféré de 3 personnes sur 7 (les 3 femmes en fait).
Vin N°2, château Mirambeau Papin 2005: le nez est plus "frais" que le précédent. On sent moins d'élevage et plus de fruits. Une légère note de poivron vient rafraîchir l'ensemble, et ce n'est pas pour me déplaire. En bouche, il a plus de volume et d'ampleur que le précédent, tout en gardant une rigueur presque médocaine. La finale est puissante, avec un peu d'astringence, mais celle-ci ne se fait plus sentir dès que l'on passe à table.
En conclusion: un vin plus viril que le précédent, doté d'un équilibre et d'une fraîcheur remarquables. Il peut se boire dès maintenant ou attendre quelques années.
Il a été le vin préféré des 4 autres convives (des hommes!).
Vin n°3, château Lamothe-Vincent 2005: le nez a de suite dérangé avec ses notes torréfiées marquées: café, pain grillé, goudron pour certains. La bouche est serrée, dense, élancée, refusant de se livrer complétement, prisonnière de sa gangue de bois. En final, une sensation d'amertume assez marquée, avec des notes de réglisse qui laissent une impression de sucrosité.
Sûrement un vin "tendance" (il a été consacré "talent 2008" par un jury de professionnels devant les deux autres), mais il n'a pas séduit les convives de ce soir, moi compris. Il arrive bon dernier pour tout le monde.
En conclusion, les deux premiers vins sont vraiment très plaisants, et l'on pourrait quasiment les mettre à égalité, car selon les moments où on les goûtait, notre coeur penchait pour l'un ou pour l'autre. On pourrait se laisser tenter de les acheter. Par contre, le troisième est pour nous rédhibitoire.
Nous sommes ensuite passés au dessert. Ayant trouvé le matin des fraises sur le marché, j'avais refait des nids de kadaïf aux fraises, la chantilly contenant cette fois-ci du chocolat blanc. Je me suis aperçu à cette occasion que le kadaïf supportait très bien la congélation. Un quart d'heure après l'avoir sorti du congélateur, il se démêlait très facilement! Nous avons accompagné ce vin d'un Ultime récolte de Jeff Carrel. Cette vendange tardive de viognier a emballé tout le monde (et se mariait très bien avec les fraises). Vous pouvez en acheter ici.
Si vous voulez organiser une dégustation de trois bordeaux, n'hésitez pas à vous inscrire sur le site d'Apéro Bordeaux.