Voici l’une des plus grandes et extraordinaires images astronomiques de tous les temps ! Vaste de quelques 108 200 sur 81 500 pixels (8,8 milliards de pixels !), elle dévoile la partie centrale de la Voie Lactée — le bulbe galactique — sur une surface de 315 ° carrés dans la voûte céleste, soit 1 % de la totalité (hémisphère austral et boréal réunis) …
Produite dans le cadre de l’ambitieux sondage à large champ Variables VISTA in the Via lactea (VVV), à travers 5 filtres dans le proche infrarouge au foyer du télescope de 4,1 mètres de diamètre VISTA (Visible and Infrared Survey Telescope for Astronomy), elle offre un panorama aux détails inégalés de cette région centrale de notre galaxie ordinairement masquée (dans le visible) par d’épais et sombres nuages de poussières. Pas moins de 173 millions objets célestes différents ont été recensés. Parmi eux, 84 millions ont été identifiés avec certitude comme étant des étoiles. Beaucoup sont des naines rouges, étoiles de faible masse, peu lumineuses et autour desquelles il peut être facile de détecter la présence d’exoplanètes. Une grande majorité des autres corps célestes demeure indistinctes ; peu lumineux, ils se confondent avec leurs voisins et demeurent difficiles à interpréter. Quelques-uns, à la silhouette étendue et diffuse, apparaissent toutefois comme de lointaines galaxies vues à travers ce dense “rideau d’arbres” stellaires …
Pour étudier cette vaste population d’étoiles massées au centre de la Voie Lactée, les chercheurs les ont reporté dans un diagramme couleur-magnitude qui permet d’appréhender leurs différents caractéristiques physiques (masse, température, âges, etc.) ainsi que nous l’explique Dante Minniti de l’Université Catholique du Chili : « Chaque étoile occupe une zone particulière du diagramme à un moment précis de sa vie. Sa position dépend de sa luminosité et de sa température. Puisque les nouvelles données nous donnent un aperçu complet de l’ensemble des étoiles, nous pouvons effectuer le recensement de toutes les étoiles occupant cette partie de la Voie Lactée ». C’est indéniablement une “mine d’informations” pour étudier la structure d’une galaxie spirale comme la notre, la distribution de la matière et son évolution.
Si nous voulions imprimer cette immense image avec “la résolution typique d’un livre, elle ferait 9 mètres de long et 7 mètres de haut” indique le communiqué de presse de l’ESO ! A défaut de pouvoir l’imprimer, on peut l’afficher sur son écran — plein écran, bien sûr –, dans la résolution de son choix (voir ci-dessous) et l’admirer de long en large, dans son ensemble ou mieux, dans ses moindres détails, reconnaissant ça et là quelques remarquables et immanquables objets célestes observables par une belle nuit d’été (ce large champ démasque dans l’infrarouge la région de la constellation du Sagittaire, visible exclusivement en été sous nos latitude), tels les nébuleux réseaux de gaz et de poussières où de nouvelles générations d’étoiles sont fomentées (nébuleuse de la Lagune, nébuleuse Trifide, nébuleuse de la Patte de Chat, etc.). On se promène sur cette plage, au gré des courants sinueux d’étoiles et de tranchées de poussières.
Sondage de VISTA du centre de la Voie Lactée en très haute résolution (11,1 Mb). Version « zoomable ».
Crédit photo : ESO.