Siem Reap : une moine « a bit crazy but happy »

Siem Reap. Une pagode. C’est une belle journée… le soleil est chaud, les nuages ombrageux ont quitté le ciel et l’humidité remonte sans brume.

Le Cambodge est spirituel. Je l’ai remarqué dès mon arrivée le premier jour de janvier. Il y a un esprit, une philosophie de vie qui circulent. Une force que peu de mots peuvent décrire. Comment dire… un mélange d’énergie et de sérénité.

Tôt le matin ou lorsque la nuit est tombée, y compris lorsque la pluie verse ses bienfaits (pas toujours agréable tout de même !), il n’est pas rare de voir des cambodgiens pratiquer le taĂŻ-chi ou le Qi-Cong en pleine rue, à l’ombre d’un auvent de fortune à Battambang ou sur « Riverside » à Phnom Penh.

L’esprit des lieux, les toiles oranges.

Ici, on s’occupe de son énergie et cela donne lieu à des échanges

toniques et apaisants.

Sa silhouette orange se détache des murs blancs et de la terre quasi-ocre de cet après midi torride. Nous sommes donc à Siem Reap qui parmi d’autres attraits possède des pagodes à l’ambiance mystérieuse. Je m’approche. Sa silhouette est élégante. Il avance courbé : je comprendrai plus tard que ce moine plein de vie ne souffre pas du poids des ans ; il ne porte pas le poids de sa vie. Son attitude et sa posture physique son simplement l’expression d’une très grande humilité.

Il est australien, ses yeux pétillent et son sourire de paix invite à rester là, sans bouger.

Il est ici depuis deux ans. Auparavant en ThaĂŻlande et encore avant « dans d’autres communautés exotiques ».

« Je suis un enfant comme toi » me dit-il. « Mais tu as une responsabilité, comme moi. Aide tes proches à être heureux ». Mon regard interrogateur en disait sans doute long sur cette phrase presque religieuse. « Oui, rendre les autres heureux, ce sont des millions d’opportunités d’être heureux toi même. Si tu cherches à te rendre heureux tout seul, ce n’est qu’une seule opportunité ».

Voilà où tu veux en venir… la force du don. Il m’interroge : « est-ce qu’une fois dans ta vie, tu as été heureux de donner quelque chose ? ». Bien sĂťr, un cadeau fait toujours plaisir, et j’ai offert beaucoup de choses à des proches. Je vois à ses sourcils tendus que je suis à côté de la plaque. « Non, je parle de ce que tu donnes vraiment ». Je ne commence à comprendre.

Nous marchons autour du bâtiment principal de la pagode. « Connais-tu la force d’un sourire ? Connais-tu la force de donner ce qui t’es cher sans contrepartie ? ». En fait, non. Je ne sais pas. Ce n’est pas de mon monde ce genre de chose.

« Voilà, la dernière fois que tu as offert un cadeau à quelqu’un que tu aimes, t’a-t-il remercié ? Je veux dire, remercier comme tu l’attendais ? ». Non. Pas jamais comme je l’attendais. « Tu vois, en réalité, tu attends d’être remercié. C’est pour çà que tu n’es pas heureux. Ton bonheur dépend de la réaction de l’autre. »

La force du don. A ce moment précis, j’ai eu le sentiment d’être petit, tout petit… « Offre ton sourire et n’attends pas de réaction. Ton sourire est suffisant. Il est beau. Tu le donnes et c’est tout. C’est le donner qui te rends heureux parce que cela vient de toi, du fond de toi. Tu comprends ? ».

Je serais resté des heures avec lui et je n’avais aucune idée du temps qui passait. De toute façon cela n’a aucune importance ici, ni le nombre de fois que nous avons fait le tour de ce bâtiment doré.

En partant, il me dit « I am a bit crazy but happy » (je suis un peu fou mais heureux). Auto-dérision.

Je reprends cette phrase à mon compte, parce que mon chemin ici, celui de l’expatriation est un peu « crazy ». Ce que je viens d’apprendre, c’est de ne pas oublier de donner, de partager. Simplement. Humblement.

Pour en savoir plus sur Siem Reap et votre visite au Cambodge, découvrez ici une sélection de guides et de cartes routières.