WBA soutient l’initiative de cette la première DESIGN BIENNIAL d’Istanbul et a confié à Cédric Libert le commissariat d’un projet d’exposition, afin de participer à la manifestation – section MUSIBET.
Les questions au coeur du projet (Un)City – (Un)Real State of the (Un)Known seront abordées à Istanbul, du 13 octobre au 12 décembre 2012 – par le biais d’une exposition, d’une publication et des journées de conférences.
LE PROJET – La ville comme palimpseste urbainLe projet que le WBA propose pour cette participation à la première Biennale d’Istanbul pose la ville comme sujet de réflexion et de discussion ; la ville abordée sous l’angle des multiples réalités qui la constitue, la ville perçue en tant qu’héritage autant que projet en devenir, la ville envisagée par la superposition, l’imbrication et la sédimentation de strates singulières. Procédant d’une interrogation précise et vaste à la fois – celle de l’environnement au sens architecturé du terme –, il s’agit de saisir la complexité des mécanismes qui façonnent agglomérations et métropoles. Les aléas de l’histoire et épisodes successifs ont tantôt fourni une vision totalisante, tantôt des revendications localement émergentes. C’est de l’assemblage de toutes ces couches historiques et morphologiques qu’est issue la ville telle que nous la connaissons aujourd’hui. Elle est également le produit d’une série de décisions antagonistes, voire contradictoires, et c’est probablement là que réside sa terrifiante beauté. Cette idée de la ville suggère donc un dispositif ouvert – un terrain d’étude, de prospection et de négociation – par lequel il est question de déceler les champs d’investigation et de recherche autant que les logiques territoriales héritées de l’histoire. C’est un terrain de jeu, une aire d’expérimentation ou encore un territoire mental qu’il est intéressant de comprendre au même titre qu’il est important d’en reconnaître les aspérités. En arrière-plan d’une approche conceptuelle délibérément élargie, c’est bien entendu d’Istanbul et de Bruxelles qu’il est question. Les deux villes sont évoquées par leurs composantes intrinsèques, au travers un dialogue subtil – une mise en tension plutôt qu’une comparaison directe.
UNE EXPOSITIONUne grande maquette (4m x 4m) rassemble 100 Projets pour Bruxelles. Dans l’idée d’une fiction entre imaginaire et réalité, il s’agit d’une collection de bâtiments et situations urbaines emblématiques de Bruxelles. Très librement inspirée du Campo Marzio de Gian-Battista Piranesi, elle est construite au départ de situations qui ont existé, existent ou pourraient exister. Sous la forme d’un territoire imaginaire, elle rassemble des projets passés, présents et prospectifs : le Palais de Justice de Bruxelles, le monument du Cinquantenaire, la Maison du Peuple de Victor Horta, le Pavillon du Bonheur de V+, le Théâtre National, le projet de Jonction de Luc Deleu ou encore le siège Glaverbel à la Chaussée de la Hulpe. Bref, une petite histoire de l’architecture envisagée par éléments distinct – chacun d’entre eux préfigurant un ‘prototype’ pour la ville. Par la reconfiguration autrement de tous ces projets sur la maquette, il s’agit, d’une part, d’être attentif au vide entre les architectures construites – l’espace entre les volumes – et d’autre part, d’explorer l’idée que chacun constitue son expérience personnelle de la ville – une cartographie sensible, propre et unique, voire une mythologie intime.
Le travail photographique du triptyque « 3 Cities » est un travail de recherche autonome qui révèle et rend explicite la construction des villes par strates successives. Les 3 caissons lumineux de grande taille sont disposés de part et d’autres de la maquette, orientés vers l’extérieur. Ils ont un impact visuel fort au sein de l’ensemble de l’exposition MUSIBET.UNE PUBLICATION
La publication présente d’une part les 100 projets de la maquette – une photo/dessin et un court texte qui inscrit le projet dans son rapport à Bruxelles. De la sorte, il s’agit d’ouvrir les tiroirs de l’histoire, d’en sortir des projets et de les observer comme spécimens uniques, bien qu’issus d’une espèce plus largement répandue dans la ville. D’autre part, un long entretien s’attarde sur les enjeux et mutations de la métropole contemporaine, ainsi que sur les mécanismes complexes qui lui donnent forme. L’entretien réunit autour d’Edgar Morin (sociologue, Paris), dont la pensée forte servira de filtre ou de fil conducteur, les praticiens suivants : Olivier Bastin (architecte et enseignant, Bouwmeester – Maître Architecte de la Région Bruxelles Capitale), Djamel Klouche (architecte-urbaniste et enseignant – L’AUC, Paris) et Cédric Libert (architecte et enseignant, commissaire de l’exposition). Un addendum à cette publication initiale est envisagé par la suite, de manière à garder des traces de la journée de conférences/discussions qui aura lieu.
DES JOURNEES DE CONFERENCES/DISCUSSIONS 15-16/11
Par ces journées de discussion, l’objectif est d’interroger les processus de transformation de la ville en rapport à la notion de strates distinctes et ce en confrontant plusieurs conceptions des enjeux métropolitains actuels. La forme urbaine de Bruxelles est constituée d’une série de projets – dont la lisibilité dans le plan actuel varie selon les cas – issus de visions pour la ville qui se sont succédés dans le temps. On peut constater que les dernières années ont principalement vu émerger deux mouvements : l’un serait lié à la question de la ville régie par le tracé et la compréhension des éléments ‘objectivables’ – les formes urbaines à grande échelle ; l’autre serait plutôt attaché à une conception de la ville qui privilégie les aménités locales et les usages citoyens – l’approche participative. Il s’agit de procéder à une mise à-plat du débat ; il est peut-être vain de continuer à opposer ces deux visions de façon exclusive l’un de l’autre autant qu’il peut être pertinent d’aborder les problématiques urbaines par l’utilisation d’outils conceptuels contrastés. Dans l’idée d’aborder la question urbaine par stratégies divergentes voire opposées (top-down vs bottom-up), la parole est donnée à une série d’acteurs qui, à Bruxelles ou Istanbul, ont récemment participé au débat sur la ville et produit, chacun à leur manière, un projet pour la ville.
* Gouvernance – Olivier Bastin (Bouwmeester – Maître Architecte de la Région Bruxelles Capitale), Joachim Declerck (Architecture Workroom Brussels), Asu Aksoy (co-curatrice Biennale Rotterdam, test-site Istanbul)
* Formes urbaines à grande échelle – Bas Smets (Bureau Bas Smets paysagistes et ISACF La Cambre, Bruxelles), Bertrand Terlinden (ISACF La Cambre, Bruxelles), Nicolas Firket (NFA, Bruxelles) et Murat Guvenç (Istanbul Sehir Universitesi, Istanbul)
* L’approche participative – Thierry Decuypere (V+, Bruxelles), Pierre Blondel (Pierre Blondel Architectes, Bruxelles), François Schreuer (urbAgora, Liège) et Korhan Gumus(Istanbul European capital of culture 2010, Istanbul).
Les journées de débats seront modérée par Djamel Klouche (architecte-urbaniste et enseignant, L’AUC, Paris) et Cédric Libert (architecte et enseignant, commissaire de l’exposition).
PLUS D’INFOS :
M. Libert, en tant que curateur de cette biennale pour la représentation belge, s’est entouré d’une équipe de graphistes (Salutpublic) pour la publication, d’une équipe d’architectes (WRKSHP & Paul Mouchet) pour la création et la réalisation d’une maquette (avec le soutien du maquettiste Ignacio Plaza et l’aide de Pauline Danhaive, Pacome Godinot, Iman Homa, Nora Kasa-Vubu, Deborah Levy, Lo Matar, Quentin Velghe et Antoine Wang).
Adrien Verschuere a de son côté prêté une de ses œuvres photographiques afin de compléter la scénographie au niveau du triptyque « 3 Cities ».
L’organisation de la participation belge à la biennale du design d’Istanbul 2012 a pu se faire grâce au soutien et à la collaboration de la Cellule architecture de la Fédération Wallonie-Bruxelles et le Service culture de Wallonie-Bruxelles International.