Les minutes suivant les examens sont toujours étranges. Après une période d’euphorie qui ne dure généralement pas plus de quelques secondes, on se retrouve en pleine descente. Le stress tombe d’un coup et l’on prend la fatigue en pleine gueule. On a envie de rattraper le temps perdu. Se faire un cinéma, une exposition, glander sur le canapé en lisant un bouquin, prendre soin de soi. Car les semaines précédant les examens sont souvent catastrophiques pour l’organisme. Le chocolat massivement ingurgité a activé les adipocytes qui se sont fait une joie de se reproduire et de se disperser. Mon cul a poussé et je suis condamné à redoubler d’effort pour retrouver la ligne de mes 15 ans*. Côté peau, c’est entre Guernica et Tchernobyl. L’épiderme est gras et luisant, les comédons se sont multipliés et les glandes sébacées chantent la Marseillaise. Quant aux rides, c’est le Grand Canyon.
Il fallait donc réagir et activer un plan de sauvetage d’urgence permettant également de renouer les liens avec un mari commençant à s’impatienter. Car le mari d’étudiant peut vite se transformer en mari râleur et aigri. Snooze étant de nature râleuse, le potentiel était énorme. Nous avons donc passé une soirée maxitaspé de la mort qui tue. Nous sommes passés par la case barbier, manucure et soins de peau. Plus de deux heures à se faire poupouner par de charmantes hôtesses. J’en ai profité pour me cultiver. Je connais dorénavant tout sur tout sur l’histoire de la “French Manucure” et sur le gommage du visage. C’est maintenant décidé. Je me lance l’année prochaine dans un DU de cosmétologie.
J’ai passé le reste du week-end à papillonner entre expositions et salles de cinéma. Nous nous sommes rendus chez des amis communs à Snooze et Frédéric. D’autres convives étaient présents. La conversation a brusquement basculé pendant l’apéritif et nous avons commencé à parler politique. J’ai ouvert ma grande gueule en disant ce que je pensais (en bien et en mal) du modem. Mon voisin m’a brusquement donné un coup de coude en me glissant discrètement que mon interlocuteur était un farouche militant du parti. J’ai ensuite passé la soirée à faire gaffe sur gaffe. La sauce a curieusement pris et le diner s’est révélé être vraiment très agréable.
Nous avons également répondu à l’invitation de Bree van de Saint-Maur et de son grand Zorro qui avaient une fois de plus mis les petits plats (Christel) dans les grands. Monsieur Ka, Gilda, Fauvette et son Corbillo et Traou étaient également de la partie. J’avais apporté avec moi un bouquin un peu cul et j’ai eu un peu honte de montrer la couverture qui ressemblait effectivement à celle d’un bouquin Arlequin. Gilda a appris que Diana était morte et Traou nous a annoncé qu’elle avait changé d’employeur. Elle travaille désormais pour IEM et nous a distribué en cadeau des mini-vibromasseurs manuels (des toupies parisiennes). Nous étions tous sur le cul.
Mais qui dit pleine descente dit également ouverture des chakras et décompression. Cela faisait plus d’un an que je n’avais pas déclenché de céphalée. On m’avait alors diagnostiqué une algie vasculaire de la face qui correspond à une douleur très violente située d’un seul côté du visage au niveau de l’oeil. Les crises sont généralement assez régulières, jusqu’à quatre dans la journée et d’une durée d’une heure environ. Les patients comparent fréquemment cette douleur à celle d’un couteau que l’on enfoncerait dans l’oeil tout en le faisant tourner. Cette nuit, la douleur m’a brusquement réveillé et j’ai hésité à prendre un médicament pour l’atténuer. Je dois normalement me faire une injection dans la cuisse et j’ai eu connement un peu peur de m’enfoncer l’aiguille dans le quadriceps.
La semaine commence bien. Je vous jure Marie-Thérèse.
Seule point positif. Je peux balancer un “pas ce soir chéri j’ai la migraine” à Snooze s’il continue de râler.
*En y réfléchissant bien, cette période était assez ingrate et il vaut mieux que je ne retrouve pas la ligne de mon adolescence. Meeeerde, ou ai-je bien pu mettre ma ceinture électrique?