Canaletto – Guardi, les deux maîtres de Venise, exposition au musée Jacquemart-André

Publié le 26 octobre 2012 par Mpbernet

Canaletto est à l'honneur à Paris en ce moment. Sur le conseil de mon ami Francis H., je lui ai fait une visite rapide mais éblouissante. Je signale qu'il y a aussi une exposirion Canaletto au Musée Maillol, mais on ne peut être partout !

La veduta, ou « ce qui se voit », est un genre de paysage très prisé au XVIIème siècle à Venise et à Londres, dont Canaletto (Venise 1697-1768), Bernardo Bellotto et Francesco Guardi  (1712-1793) sont les peintres les plus représentatifs.

Pour la première fois en France et grâce à des prêts exceptionnels, le Musée Jacquemart-André consacre une exposition à la veduta, dont Canaletto et Guardi sont les artistes les plus connus et les plus brillants. Autour d’eux : Gaspar van Wittel, Luca Carlevarijs, Michele MarieschietBernardo Bellotto.

Paradoxalement, c’est à l’époque où la République sérénissime connaît un déclin politique et économique inexorable que l’essor culturel se développe avec magnificence.

Maîtrisant parfaitement la perspective, les spécialistes de la veduta s'aidaient d'un dispositif optique : la chambre noire (camera obscura), placée à l’intérieur de la scène d’un tableau pour préparer leurs cadrages ouvrant la perception optique de la réalité sur un paysage naturel ou suburbain. Ces peintures sont réalisées avec précision et une grande profusion de détails charmants et réalistes. Les tableaux étaient en général de grand format, puis, pour faire face à la demande de visiteur étranger désireux d’emporter des tableaux en souvenir, en particulier de riches Anglais, ils devinrent plus petits.

L’exposition montre une soixantaine d'œuvres exceptionnelles. Des paysages vus par les deux grands maîtres, ou plutôt LE maître – Canaletto – et son élève – Guardi – et aussi le cousin Bellotto. On admire les ciels tourmentés, les détails de premier plan où une foule de personnages se croisent devant l’ »objectif » : des magistrats en robe rouge, des hommes en cape à immense rabat, souvent un petit chien, la plupart du temps un enfant qui tire sur la main de son père … et les gondoles attachées à couple, dans le flot de la circulation.

En un clin d’œil, le spectateur est transporté parmi eux, assiste à la fête du jeudi gras, ou à la régate sur le grand canal, à la sortie du Doge à bord du Bucentaure. Merveille des églises, des façades colorées, de la basilique et de son élégant campanile, du charme de la piazzetta, ou de ces fameux "caprices", des vues de ruines qui étaient très demandées …

Avec, pour moi, le cadre des romans de Pierre Legrand et Claudine Cambier – pour le siècle précédent -  ou Donna Leon – pour le nôtre, mais le cadre n’a pas changé, ou du dernier roman d’Arturo Perez-Reverte et de son capitaine Alatriste. On croirait presque sentir l’odeur de la vase des canaux ….

Bon, maintenant, je ne serai pas certaine de pouvoir déterminer au premier coup d'oeil si tel paysage de la lagune est de Canaletto ou de Guardi ... ou de leurs disciples. Mais le rassemblement de ces oeuvres - même sur un espace toujours si restreint que tout le monde s'y presse à s'étouffer - est une merveille.

 

Musée Jacquemart-André, 158 Boulevard Haussmann, ouvert tous les jours à partir de 10 heures, jusqu'au 14 janvier (11€).

J'ai vraiment envie de voir cette exposition ! Lors de mon dernier séjour à Paris, nous sommes allés à la Pinacothèque voir les deux expo: Van Gogh et le maître japonais (?). Vraiment trés beau.