Le propre des Américains est leur « rapport unique à l’espace et au temps », résume le professeur Pascal Gauchon. À leur territoire d’abord : associé dans leur imaginaire à « un véritable paradis de l’innocence que le péché n’a pas contaminé », il porte ainsi la marque de Dieu et justifie le concept de Manifest Destiny qui veut que les Américains soient investis d’une mission civilisatrice. À leur histoire ensuite, que les Américains font commencer à la déclaration d’indépendance : « Table rase, le passé rejeté, aucun héritage à assumer ». C’est cette perception qui rend notamment possible le fameux Melting Pot, prélude à une société multiculturelle fondée sur l’avènement d’un homme nouveau. De cette « exception américaine » découle une véritable croyance du pays en sa réussite et ses valeurs. « Ce qui n’est pas est ce qui n’a point encore été tenté » avait déjà observé Tocqueville.
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La question n’est plus tant l’adaptation des puissances émergentes au modèle libéral proposé par Washington que « de savoir, tout au contraire, comment l’Amérique provincialisée s’insérera dans un monde qui se développera, se pensera et s’organisera loin de ses obsessions ».
L’Amérique et nous
Magazine Société
« L’Amérique (est)
davantage un programme qu’une nation ». Dieu l’a choisie pour établir
son règne sur terre, pense-t-elle. Or, elle découvre, brutalement, qu’elle n’est
qu’un pays comme un autre. Pourra-t-elle survivre à l’éclatement de son rêve ?