Devenir quelqu’un. Ne plus être transparent aux yeux du monde, exister. Être. Est-ce dont ça le thème principal de notre décennie ?
Les réseaux sociaux explosent, tout le monde a son mot à dire. Se faire une place est devenu un parcours du combattant. Le monde s’est ouvert, vite et grand, et alors qu’avant vos potins se limitaient au voisinage et à Voici, vous avez accès aujourd’hui à toutes les opinions du monde. Quand on se sentait parfois un peu seul, timide, en retrait, aujourd’hui, le sentiment grandit puissance mille, vous n’êtes plus le timide de votre classe ou de votre entreprise, vous êtes le timide d’un monde qui hurle, commente, critique et juge sans cesse.
Voyez dernièrement les proportions que prennent de pauvres messages sur twitter. Le « bon juif » par exemple. Des gens essayent d’avoir une bonne blague, de choquer, de se faire entendre. Ils se sentent pousser des ailes, se laissent aller à leur véritable nature, laissent exprimer leurs sentiments et leurs pensées. C’est la fête du grand n’importe quoi, il n’y a qu’à voir les « Trending Topic », 90% sont pitoyables. Mais cela permet à vous, à moi, au trou du cul d’en face d’exister 5 minutes. Même ces 30 secondes de prise de position suffiront à illuminer sa journée.
Je suis tombée dans le piège de la toile, tête la première. Interpellant des gens que je ne connaissais pas, critiquant d’autres, complimentant certains. J’ai ouvert un blog, pour exister d’autant plus, me faire lire d’inconnus, partager narcissiquement mes réflexions. Ma vie est tout à fait passionnante comme le disait Pénélope Bagieu , elle en interessera surement me dis-je. Et puis par moment, l’euphorie retombe, on relativise un peu… beaucoup. On prend du recul, et je me dis…
Je suis qui, je suis quoi ? Je suis journaliste, on me rémunère pour informer autrui, promouvoir des marques ? Je suis un modèle à suivre, un prix nobel, un exemple pour la société ?
Non je ne suis qu’une connasse, une de plus. Je ne vaux pas mieux qu’une Valentine ou qu’une autre. Je vous étale via Instagram mes derniers achats, je poste trois fois mon article sur twitter en espérant qu’une bonne âme me lise, j’envoie des ♥ de blogueuse mode à tout va, et je rêve secrètement qu’une marque lambda ma propose d’aller aux Maldives promouvoir leur hôtel où aucun de mes lecteurs n’aura les moyens ou l’envie d’aller.
Ces derniers temps, nombre d’évènements personnels me font relativer le monde virtuel, dans lequel je me suis plongée sans même savoir pourquoi finalement. J’ai un travail, je n’en cherche pas un. J’ai des amis, un copain, une famille, et tout va bien. La quête de notoriété donc ? L’envie d’exister un peu plus, de briller ?
Alors je m’en veux, je me dis à quoi bon. Et puis, je prend encore un peu plus de recul, et je me rappelle de certains commentaires ou échanges. Je vois que quelques uns me visitent régulièrement, ont toujours un mot agréable et motivant. Je partage des mots et des moments sur les réseaux sociaux avec des gens intelligents, drôles et remarquables. Je ne parle que de choses que j’aime, où dont j’ai envie, je ne suis obligée de rien. Et parler, j’aime ça.
Je suis une connasse peut-être, mais une connasse honnête. Je suis de mon époque. Je suis donc.
Victoire.
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