EN TOURNEE EUROPEENNE AVEC LA SECTE DU FUTUR (ET YUSSUF JERUSALEM)
Voilà, on revient de tournée à travers l'Europe avec nos bons amis de Yussuf Jerusalem et Thibaut qui conduisait la limousine pendant qu'on se tournait les pouces derrière. On a fait une espèce de 8 du Sud au Nord et d'Ouest en Est en pensant principalement aller faire de la musique et travailler notre capacité d'intégration sociale. Finalement, on a surtout bouffé.
6 septembre 2012, faut savoir ce qu'on a dans le ventre dès la première date d'une tournée, du coup on commence par Bruxelles, haut lieu de la gastronomie approximative. Trop sûrs de nous au départ de Paris, on arrive en retard, on mange un catering froid sur le pouce et on joue. Le concert était cool. Le lendemain avant de tracer on se fait un kebab local avec crudités, bien sympa. On passe la soirée à Liège où le concert est cool et où on finit dans un bar avec des Belges qui s'éclatent des chaises en bois sur le crâne. Si on avait pas trop bu de Triple Karmeliet on se serait sans doute demandé comment la Belgique allait régler tous ses problèmes.Samedi soir à Groningen, ce qui veut dire qu'on a passé la frontière imaginaire qui fait que maintenant, tu peux savourer n'importe où et à n'importe quelle heure des tonnes de trucs panés remplis de trucs inconnus mais c'est pas grave parce que c'est pané donc c'est délicieux. On joue au Vera Club limite à quatre pattes tellement on a abusé d'un catering de nourriture asiat' à volonté, genre poulet épicé et champignons chelous... Le concert était cool, mais le vin, pas ouf.
Puis on traverse la mer pour rejoindre finalement Berlin, checkpoint de l'aventure. On joue au White Trash Fast Food, on boit, on mélange les tickets consos et on oublie de s'envoyer le hamburger XXL offert par la maison. SMS de nos estomacs : "On se vengera." - On répond fièrement "OK". Le concert était cool mais sur le tard on finit par avoir faim et on commence le jeu "Où se cache le meilleur kebab ?". Il s'étend sur 2 grosses journées. On finit tous la partie repus et proches du game over. On perd Axel notre fidèle bassiste qui doit retourner au pays pour y cultiver son jardin. Comme c'était prévu, Alice prend sa place en bonne chevalière Satànique.
On commence la nouvelle semaine par Vienne où on tombe par miracle sur la coloc du bonheur. Encore des végétariens qui gèrent bien les pâtes. Le concert est cool et la soirée encore plus, du coup on opte pour un day off sur place. Ca tombe bien, en face de l'appart' y a un parc d'attraction de rois où on peut enfin claquer des Euros. Trains fantôme et manèges level novice ont raison de nos estomacs, on sort et on s'envoie le plus scandaleux des plats : l'équivalent d'un barbecue familial pour deux personnes dans un resto serbe. Deux kilos de viande recouverts d'une rondelle de concombre et d'une de tomate pour la déco. Laminés et en pleine introspection, on rentre faire la sieste et promis on remange pas... Jusqu'à ce qu'on tombe sur un mec qui nous appâte à coup de pâte à pizza maison à 5h du matin. On est piègés mais il fallait bien qu'on fasse passer les strawberry colada découvertes quelques heures plus tôt.
Mercredi 19 septembre. On arrive chez Pali et Marta à Budapest, à peine le temps de se serrer dans les bras c'est l'heure du shot d'Unicum, bienvenue tout le monde. Un peu fébriles on avale presque cul sec le fantastique ragoût de Marta en déconnant sur qui allait se prendre un doigt de contrôle à la frontière serbe le lendemain. Le concert était cool malgré l'état dans lequel on monte sur scène. On rentre se coucher et on oublie Paul qui dormait dans le van, on frôle l'incident diplomatique mais comme l'ambiance est au beau fixe tout se termine comme dans un Disney.Le jeudi nous voilà à la frontière serbe où mythes et légendes resteront mythes et légendes. On traverse et on découvre une nouvelle vie où on mange des produits préparés avec amour pour l'équivalent d'un simple euro. C'est ça l'apesanteur ? Non je ne pense pas car je me sens bien lourd après cette pizza et tous ces bureks. A Belgrade on joue dans le noir face à un projecteur qui diffuse des films où des nonnes tirent à la mitraillette les seins à l'air, dans les scènes sombres on se rend compte qu'on ne connaît pas encore le manche de notre guitare sur le bout des doigts mais ce concert était cool. Merci la Serbie.
Le lendemain on est dimanche, un bon dimanche bien rude mais on arrive à Lucerne dans la campagne suisse, ça y est, tout est redevenu cher mais au moins l'air est pur. Et qui dit air pur dit végétariens, on a donc le droit à des pâtes, recette locale, intéressant, à part qu'on nous dit de les mixer avec de la compote de pommes et là perso, je pige pas, ça me fait peur et je dis non. Pour des mecs au bout du rouleau je trouve qu'on donne quand même des concerts honnêtes et cools avant de s'endormir remplis d'oignon et de fromage suisse.
Lundi 24, bonjour la France. On fait plus les malins dans les aires d'autoroutes. Devant les sandwiches triangle à 5€ qui sont en fait des sandwiches "cercle inscrit" au triangle tellement les 3 coins sont vides, on se rappelle que même Charles Trenet disait de la douce France "Cher Pays...". Dégueulasse. Ca y est je commence à repenser à la SNCF, à Michel Drucker et au prix de la pinte. Heureusement on est bien reçus à Grenoble, on a trop à bouffer, du vin rouge et les concerts sont cools même si le patron du rade nous demande de passer la serpillière, de nettoyer les tables et parle à Alice comme si elle était venue cotiser pour sa retraite. Bonjour la France. On trouve le moyen de finir bien tard, on file à Clermont-Ferrand où on découvre la truffade et on comprend mieux comment les Auvergnats traversent si sereinement l'hiver.
On décide d'arriver tôt à Bordeaux parce que Thibaut nous a prévu un après-midi tapas... Bien vu, trois heures plus tard, gavés comme on l'est, on se dit qu'il ne vaudrait mieux pas tomber sur une tribu anthropophage au Café Pompier. Tout le monde se remet à coup de digestif, les concerts sont cools et on finit tard. Si tard qu'on arrive trois heures à la bourre à Paris, on peut jouer in extremis mais on rate le catering ! Fait chier putain pour la dernière date, c'est à se demander si c'est pas un signe. La salle est quand même remplie, les concerts sont cool même si le set de Yussuf finit par ressembler à un remake approximatif de Bodyguard avec le type de l'Espace B en Kevin Costner et Benji en Whitney Houston. Bref on retrouve nos potes qui checkent nos bedaines, on boit de la 8-6, on glande dans la rue et on finit par parler de pornos 90's avec Fabroche et Axel sur mon canapé. Voilà la tournée est finie.
Photos par Valentin. Plus de dégustation visuelle ici.