Profil tranchant et verbe acide, elle se rêve en égérie de la droite. Pourtant, la tonalité de ses propos la ravale au rang de vipère. NKM puisque c'est d'elle dont il s'agit, étoile montante contrariée de l'UMP, devra changer de registre si elle veut durer.
Privée de la possibilité de jouer les premiers rôles dans la succession de la présidence de l'UMP, la maire de Longjumeau s'est trouvée un nouveau credo pour exister médiatiquement. Son tube de l'automne a été lancé avec succès dans les colonnes amies du Figaro.
A défaut de projet pour son camp, l'ex porte-parole du candidat Sarkozy ne digère pas une défaite dont l'amertume lui remonte aux lèvres.
Plus qu'un deuil, celui de la perte du pouvoir, qu'elle n'arrive pas à faire, NKM passe la présidence Hollande au karcher la qualifiant "de règne amateur, fade et triste". La virulence et les excès font partie de la vie politique. Le message subliminal porté par son discours est en revanche des plus sombres.
"Ces bourgeois de la politique qui se sont déguisés, bedaines effacées, sourires patelins, se révèlent arrogants, menteurs, tricheurs. Ils ont l'esprit de clan et veulent mettre l'Etat en coupe réglée et se servir", accuse t-elle. "Etre inaudible, colporteur d'une politique du vide, au fil des interventions télévisées de François Hollande et Jean-Marc Ayrault, ne peut que rendre vaine une présidence déjà fruit du hasard", martèle la députée de l'Essonne.
Tous les ingrédients des discours de l'extrême droite sont là. Attaques sur le physique et surtout procès en illégitimité avec son faux nez, l'incompétence. François Hollande et Jean-Marc Ayrault sont à ses yeux présumés incompétents.
"On a un chef de l'Etat qui n'a jamais été chef de rien sauf au Parti socialiste. Et un Premier ministre lui-même qui n'a aucune expérience gouvernementale" a encore accusé ce matin NKM sur France Inter.
La belle affaire. Faute d'un cursus homologué, l'exécutif actuel volerait en quelque sorte la place aux gens du sérail. Un argument débile que pourtant la droite musclée d'alors n'avais jamais osé utiliser contre Pierre Bérégovoy, ouvrier ajusteur devenu Premier ministre de François Mitterrand.
NKM mange dans la même gamelle que ceux qui considèrent que la gauche ne peut arriver au pouvoir que par effraction. Un peu comme ces bourgeois arrivés par la violence de la Révolution dans les palais nationaux mais dont le sang, pas assez bleu, leur ôterait pour l'éternité tout droit à gouverner.
Il arrive à tout acteur de la vie publique de déraper mais NKM au volant de son 4x4 a délibérément décidé de sortir de la voie publique pour faire du tout terrain. La tribune publiée dans le Figaro ne relève pas d'un coup de sang mais d'une stratégie calculée. Pour preuve la réitération de ses diatribes au micro des différents médias. Pour preuve, encore l'annonce de la création de son propre parti, "la France droite". Tout un programme.
Sans surprise, Jean-François Copé, candidat à la l'extrême-droitisation de l'UMP lui apporte son soutien sans qu'en retour, officiellement, elle se postionne dans sa bataille contre Fillon.
On ne peut que regretter, au titre du renouvellement de la classe politique, l'égarement de NKM. Certains commentateurs ne manquent pas de souligner le contraste avec un Bruno Le Maire qui prône une opposition apaisée et une moralisation de la vie publique.
Le chemin vers le pouvoir choisi par NKM est sans doute plus court que celui de son ancien collègue du gouvernement. Mais il manque singulièrement de hauteur.
Une hauteur que tous les talons aiguilles les plus chics de la place parisienne ne combleront jamais.
Crédit photo : Wikipédia
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