Les marchés financiers sont nécessaires à l'économie, au développement des entreprises, et, par conséquent, à l'emploi et à la protection sociale.
Par Vladimir Vodarevski.
L'étude de Startupbootcamp montre que l'Europe a développé des atouts qui favorisent l'essor des startups : les infrastructures et l'éducation. Elle dépasserait même les USA dans ces domaines. Cependant, elle n'a pas mis en œuvre des conditions permettant de développer suffisamment le nombre de capital-risqueurs, de même que les conditions de sortie du capital des startups. En clair, les législations européennes ne sont pas favorables à l'investissement des financiers dans les start-ups. Les financiers ont besoin de conditions favorables pendant la période d'investissement. C'est, par exemple, un problème de fiscalité. Ainsi, en France, l'ISF pénalise l'investissement dans une entreprise de croissance qui ne distribue aucun dividende et qui présente un risque.
De même, les investisseurs de départ ont besoin de conditions favorables lors de la revente de leurs participations, quand des investisseurs plus traditionnels peuvent entrer dans la société, celle-ci ayant fait la preuve de son modèle économique. D'où la nécessité de marchés financiers développés. Comme par hasard, le pays qui en Europe présente les conditions les plus favorables aux investisseurs dans les startups est le Royaume Uni.
Cette étude de Startupbootcamp montre l'importance des financiers et des marchés financiers pour la création, et surtout le développement de startup. Une startup aura d'autant plus besoin de financements qu'elle est ambitieuse. Et c'est son développement ambitieux qui créera des emplois.
En complément, le témoignage de Denis Payre montre qu'il est illusoire de penser séparer les "bons" investisseurs des "mauvais". Par exemple, le gouvernement a décidé de favoriser la durée de détention des parts d'une société, pour accorder des abattements fiscaux. Il faut avoir détenu un pourcentage du capital pendant 6 ans au moins pour bénéficier d'un abattement maximum. Sauf que Business Objects a été introduite au Nasdaq, la bourse américaine des startups, au bout de 4 ans d'existence. Et Denis Payre explique que c'était une fenêtre de tir très étroite. Les résultats de la société étaient bons, et le secteur présentait de bonnes perspectives.
De même, en France, il est convenu qu'un "bon" investisseur est celui qui possède un certain pourcentage d'une société. Or, ce pourcentage peut évoluer très vite. Quelqu'un peut investir une certaine somme pour le lancement d'une société. La société grandit et a besoin de nouveaux financement. Ce besoin peut intervenir très rapidement. Le lancement est d'abord un test. Puis, une fois le test réussi, d'autres investisseurs arrivent. Puis, si la société se développe, de nouveaux investisseurs viennent la soutenir. L'investisseur initial peut vite se trouver très dilué. Même le créateur peut être très dilué, car son entreprise n'aurait pas pu se développer sans investisseurs financiers.
Par exemple, Pierre Chappaz, cofondateur de Kelkoo, ne possédait qu'un faible pourcentage de sa société au moment de sa revente. Mais, sans les investisseurs financiers, Kelkoo ne se serait jamais autant développé.
La France favorise la création de très petites entreprises, créées par un petit groupe, qui fait peu appel à des financiers, et qui peuvent plus difficilement, et moins rapidement, se développer, et surtout créer beaucoup d'emplois. D'autre part, les grands groupes peuvent composer avec la complexité fiscale et réglementaire. Mais il ne viendrait pas à l'idée que le déclin de ces groupes puisse être compensé par de nouvelles entreprises, comme Cisco a remplacé Lucent aux USA.
Les marchés financiers sont utiles aux entrepreneurs. Ils sont nécessaires à l'économie, au développement des entreprises, et, par conséquent, à l'emploi, et à la protection sociale, puisqu'elle est financée par les revenus.
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