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« L’important, c’est l’instant, sa fragilité et son intensité. (p. 185)
L’auteur :
Depuis Son frère, publié en 2001 et adapté par le réalisateur Patrice Chéreau, Philippe Besson, auteur entre autres d'En l'absence des hommes et de La Trahison de Thomas Spencer, est devenu l'un des auteurs incontournables de sa génération. Il a par ailleurs écrit le scénario de Mourir d'aimer (2009), interprété par Muriel Robin, de La Mauvaise Rencontre (2010) avec Jeanne Moreau et du Livre de Paul, le prochain film de Laure Duthilleul. Son nouveau roman, Une bonne raison de se tuer, a paru aux éditions Robert Laffont.
http://www.philippebesson.com
L’histoire :
« Au commencement, il y a cette peinture d'Edward Hopper qu'on peut voir à Chicago. J'ai dû l'apercevoir à plusieurs reprises avant de m'en procurer une reproduction, un dimanche d'ennui. Un soir, sans intention particulière, j'ai observé la femme en robe rouge de la peinture, assise au comptoir d'un café nommé Phillies, entourée de trois hommes. Alors, ça s'est imposé à moi, sans que j'aie rien cherché. J'ai eu l'envie impérieuse de raconter l'histoire de cette femme et des trois hommes autour d'elle, et d'un café de Cape Cod. »Philippe Besson (Quatrième de couverture)
Ce que j’ai aimé :
Le temps est comme figé autour de ce bar, de ces trois personnages. Philippe Besson ébauche une histoire en filigrane : la femme en rouge attend un homme, retenu auprès d'une autre femme et elle espère être à l'orée d'une nouvelle vie, plus lumineuse, plus franche. Puis l'homme au chapeau pénètre dans le bar et réinvestit la vie de cette belle femme. Ce n'est pas lui qu'elle attendait, mais il va pourtant trouver sa place dans le tableau. Le serveur est le complice muet de leurs retrouvailles, le troisième homme un client de passage.
Les descriptions parlent directement aux sens : le lecteur est comme transporté dans cette scène, le style pictural de l'auteur fait mouche :
« Le crépuscule de Cape Cod tombe sur les vérandas des villas avoisinantes, où de jeunes femmes aux épaules découvertes ont profité jusqu’au dernier moment des rayons du soleil. Des chaises à bascule grincent avec le vent léger qui se lève, qui arrive maintenant de l’océan. Une balançoire bouge sans que nul ne l’actionne. Un frisson parcourt les dunes et agite les fils électriques pendus aux poteaux qui longent la route de la côte. Un drapeau américain claque dans l’indifférence. Ici, on ferme une fenêtre ; là, on allume une lumière. Un peu plus loin, sous un ciel orangé, les barques tanguent comme des ombres et des mâts font entendre leurs grelots. C’est un instant de Chatham, Massachusetts. » (p. 153)
La scène est comme un cocon dans lequel les personnages évoluent, éprouvent des sentiments, pour s’évanouir ensuite aux portes du tableau et des pages. Le grand talent de l’auteur est d’avoir réussi à donner vie à ces marionnettes inanimées.
« En fin de compte, les souffrances font partie de l’existence, elles valent cent fois mieux que des moments insipides, elles sont le prix à payer pour affirmer ce qu’on est et accomplir ce qu’on a décidé. C’est son rêve américain à elle. L’or qu’elle cherche à conquérir, à la manière des pionniers, les ambitions qu’elle nourrit ou les chimères après lesquelles elle court, elle les traque en elle-même. » (p. 182)
Un très beau texte simple et lumineux…
Ce que j’ai moins aimé :
-Rien.
Premières phrases :
« Donc, au début, elle sourit.
C’est un sourire discret, presque imperceptible, de ceux qui se forment sur le visage parfois, sans qu’on le décide, qui surgissent sans qu’on les commande, qui ne semblent reliés à rien en particulier, qu’on en saurait pas forcément expliquer.
Voilà : c’est un sourire de presque rien, qui pourrait être le signal du bonheur. »
Vous aimerez aussi :
Du même auteur : La trahison de Thomas Spencer
Autre : Les heures silencieuses de Gaëlle JOSSE
D’autres avis :
POCHE : L’arrière-saison, Philippe Besson, 10-18, janvier 2009, 6.60 euros