Les jeux sociaux ont moins la côte
Les difficultés de Zynga masquent un problème plus général. Les jeux sociaux, où les amis sont appelés à partager leurs expériences ludiques, génèrent trop peu de profits.
Enfin une bonne nouvelle pour les éditeurs traditionnels de jeux vidéo. Les jeux pour les réseaux sociaux ou jeux sociaux ont moins le vent en poupe. La nouvelle catégorie de sociétés, à l’instar de l’américain Zynga qui affronte de graves difficultés, n’arrivent pas à transformer la promesse des jeux gratuits en une manne considérable, grâce aux revenus générés par la publicité et la vente d’objets virtuels. La part de Zynga dans le chiffre d’affaires de Facebook ne cesse de reculer. De 20 % à la fin de 2010, elle est tombée à 15 % récemment. Et l’activité de l’éditeur californien de jeux sociaux a continué de reculer de 20 % au dernier trimestre, sur un an, selon Mark Zuckerberg. Le fondateur de Facebook estime que Zynga, qui a publié «des résultats difficiles» affronte une plus grande compétition sur sa plate-forme, à cause d’éditeurs comme «Kabam et Kixeye». La multiplication des acteurs a été exacerbée par la valorisation initiale de Zynga, avant son introduction en Bourse, fin 2011. Sur un an, le cours de Zynga a fondu de 80 % et sa capitalisation boursière est tombée à 1,67 milliard de dollars. Une très faible proportion des joueurs utilise les options payantes pour leurs jeux gratuits.
Dans un courrier adressé aux employés, avant la publication des résultats ce mercredi soir, Mark Pincus, le fondateur de Zynga a annoncé la réduction de 5 % des effectifs mondiaux, soit 142 postes, avec la fermeture de studios à Boston, Londres et Tokyo et une cure d’amaigrissement à Austin. De plus, l’éditeur veut se recentrer sur un nombre plus réduit de jeux.
Ces difficultés sont généralisées. En France, malgré de bons succès et quelques entreprises prometteuses (Kobojo, isCool, Mimesis Republic, Ooblada, Ouat Entertainment ou PrettySimpleGames), l’argent frais est devenu très difficile à lever. Ce qui est de mauvaise augure pour l’ancienne gloire française Atari, reconverti dans les jeux en ligne. Ce dernier envisage de lever 20 millions d’euros pour aider le fonds Blue Bay à sortir de son tour de table. En Asie, les éditeurs locaux en Corée du Sud et au Japon semblent séduire davantage d’adeptes. Mais les sociétés cotées, à l’instar du japonais Gree, suivent un parcours comparable à celui de Zynga, avec une chute de 43 % sur un an, malgré de nombreuses acquisitions réalisées récemment. La capitalisation de Gree vient de dépasser celle de Zynga.
Les jeux pour les réseaux sociaux subissent de plein fouet la concurrence féroce d’un nombre grandissant d’acteurs et celle d’éditeurs reconvertis dans les petits jeux pour smartphones et tablettes, proposés par des acteurs traditionnels, tels Electronic Arts et Ubisoft.
Michaël Corre pour eMark via Le Figaro