Ces résultats montrent que certaines différences génétiques qui entraînent des variations dans les niveaux de dopamine du cerveau contribuent à expliquer l'ampleur de la réponse au placebo d'un individu. Des implications importantes pour les soins donc, mais un avantage aussi pour les chercheurs dans la conception et la réalisation de leurs essais cliniques.
«Le neurotransmetteur de la dopamine est activé quand les gens anticipent et répondent à des placebos», explique l'auteur principal de l'étude Kathryn Hall, chercheur à la Division de médecine générale et de soins primaires au BIDMC. « Ces résultats vont maintenant permettre, de prédire, à partir du profil génétique d'un patient si oui ou non il va réagir à un placebo ».
L'effet placebo se produit lorsque les patients présentent une amélioration, alors que le traitement ne contient pas de substances actives. Les essais cliniques sur les nouveaux médicaments exigent que ces molécules soient testées contre placebo. On comprendra, d'autant mieux avec ces résultats que le nombre de patients est primordial pour obtenir des données statistiquement significatives.
La dopamine joue un rôle important à la fois dans les circuits de la récompense et de la douleur, c'est pourquoi les chercheurs ont commencé leur recherche par la voie dopaminergique. Ils ont rapidement abouti au gène COMT (catéchol-O-méthyltransférase). «COMT est un excellent candidat parce qu'il est déjà impliqué dans la cause et le traitement de nombreuses affections, dont la douleur et la maladie de Parkinson mais aussi dans le comportement de confirmation de nouvelles informations selon nos croyances », explique le Pr Hall.
Le gène COMT : Les chercheurs ont ainsi identifié certaines variations génétiques du gène avec soit 2 copies de l'allèle « méthionine » (Met), 2 copies de l'allèle valine (Val), ou 1 copie de chaque. Les personnes présentant ces variations auraient 3 à 4 fois plus de dopamine disponible dans leur cortex préfrontal, la zone du cerveau associée à la cognition, à l'expression de la personnalité, à la prise de décision et au comportement social, explique le Pr Hall. Les scientifiques suggèrent que si la dopamine est impliquée dans la réponse au placebo, ils constateraient bien une différence dans les réponses au placebo, selon les personnes étudiées.
Les auteurs ont donc repris les données de l'essai mené en 2008 pour étudier l'effet placebo chez des patients atteints du syndrome du côlon irritable : « Dans notre travail original, les patients atteints du syndrome ont été répartis en 3 groupes de traitement et nous avons étudié la réponse au placebo», explique le Pr Kaptchuk, auteur de l'essai en question. Les scientifiques ont génotypé les échantillons de sang des patients de l'étude précédente, en utilisant une méthode statistique appelée analyse de régression pour analyser les effets du génotype en fonction du type de traitement reçu. «Notre confirme l'importance de la réponse au placebo en fonction du génotype et son augmentation linéaire avec la disponibilité de dopamine. En particulier, les patients « à double Met » montrent une amélioration de leurs symptômes avec placebo par rapport aux patients « à double Val » ».
Met/Met ou Val/Val ? Des résultats qui suggèrent qu'il est possible de définir un marqueur génétique de la réponse au placebo (comme Met/Met) et un marqueur de non-réponse (comme Val/Val). Enfin, les chercheurs soulignent l'influence incontestable (et plus simple) de l'environnement clinique et de la relation médecin-patient dans la réponse au placebo. Un autre défi, pour une méthodologie indiscutable des essais cliniques…
Source: PLoS ONE doi:10.1371/journal.pone.0048135 October 23, 2012Catechol-O-Methyltransferase val158met Polymorphism Predicts Placebo Effect in Irritable Bowel Syndrome