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West side story

Publié le 25 octobre 2012 par Hongkongfoufou

Eleve Moinet 2 Par l'élève Moinet

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Quelle histoire ! Quelle histoire que cette histoire. L’histoire de l’histoire sur l’histoire la plus célèbre de la bande dessinée : le voyage de la bande à 4 en Amérique. Spirou en Amérique, quoi. Et quelle histoire… Qui a fait quoi ? Qui n’a pas fait quoi ? Qui a dit ça ? Qui n’a pas dit ci ? Fiction, frictions, incompréhensions, négociations. La fille, les fils. Les descendants pas contents traités avec condescendance : "Qui sont-ils pour donner leur avis ?". Surtout lorsqu’eux même s’emmêlent les pinceaux. Un comble. A moins que ce ne soient ceux qui trouvent qu’ils, qui eux-mêmes… Quelle histoire ! Pourtant une petite histoire résiste encore et toujours à l’envahisseur Dupuis et ses 45000 albums tirés. En 50 après Jésus Christ (1950), deux 403, modèle XXL, des Hudson Commodore, partent sillonner l’Amérique dans les grandes largeurs. Road story à deux voies. L’aventure, la grande et la petite.

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Juillet 47 : séance d’essais pour la première. Libres, très libres. Lowell / Chicago / Des Moines / Denver / San Francisco et Los Angeles. Ruée vers l’ouest, puis retour à fond la caisse. 170 à l’heure, ça fait un peu moins en miles, mais quand même. Août 48, il fait chaud mais la guerre est froide. Le maître de Marcinelle a choisi son camp. Monde libre, nous voilà ! Le 10, Franquin, Morris, Jijé et sa famille nombreuse débarquent en Amérique. Je crois que désormais tout le monde le sait. Yann les fait passer 2 semaines à New York avant de prendre la route. Tiens tiens, Franquin dans La bande à 4 : "Au départ Gillain avait acheté une voiture d’occasion pour traverser les Etats-Unis, mais il devait passer son permis. Il a été recalé à l’examen oral et nous sommes restés un certain temps à New-York, au moins un mois et demi…" J’imagine la scène… Quant à http://www.jije.org c’est dans une Ford Hudson qu’il les fait rouler. La Ford Hudson, ce doit être une sorte de Peugeot-Renault. Soit c’est une Ford, soit c’est une Hudson. Commodore en l’occurrence. Voilà donc la seconde, qui n’a qu’à bien se tenir. Elle va arriver à destination le 2 septembre, donc avant d’être partie. New York / Tijuana au Mexique, via Los Angeles et San Diego. Bref, l’histoire sur l’histoire n’est pas terminée, mais l’autre peut démarrer. Janvier 49. La première reprend la route. Assez d’essais ! Une bande à 3. Un hipster déjanté, un "voyou famélique" et une fille sur la banquette arrière, passagers pas sages de ce paquebot du bitume. Cap plein sud avant de repartir vers l’ouest. Direction la Louisiane de William Burroughs via la Virginie, la Caroline et l’Alabama. Une expédition, pas un voyage. Pied au plancher. La Hudson tient la route. Toute la route. Double à droite, à gauche, affole les piétons et les conducteurs du dimanche. Le pilote ? En teeshirt en plein hiver, bouteille à la main pour tout chauffage. Cannonball avant l’heure. Ambiance. Combien de temps lui faut-elle, elle qui peut faire Denver – Chicago en 23 heures ? New York – San Francisco en 3 jours et 3 nuits sur les  two lane black top de service ? Mystère. Pourquoi n’est-elle pas partie plus tôt ? Mystère. Pourquoi "l’ennui urbain" qui ronge le conducteur ne l’a pas gagné plus tôt ? Mystère. Depuis quelques jours la seconde a déjà repris la route. Le 17 décembre, elle a quitté la Basse Californie où elle était garée depuis trois mois. Tijuana / Arizona / Nouveau Mexique à la vitesse d’un cheval au galop. La Commodore bondée et bridée se traîne. Autre ambiance. Elle arrive à Laredo au Texas huit jours après, le 25 décembre. La première repart vers l’ouest. "Go west young men !" leur a peut être lancé le vieux beatnik en agitant son chapeau. Mais trop tard. A quelques jours près, elle aurait pu croiser la seconde du côté du Texas de Tex Avery qu’elle traverse par le nord, comme Denis Hopper et Peter Fonda le feront sur deux roues 20 ans plus tard. Ou plutôt aux confins du Nouveau Mexique à El Paso puisque la seconde a préféré suivre la frontière mexicaine, plus au sud. Ou même un peu plus haut, à Roswell, pourquoi pas ? Tant qu'à faire. Rencontre du troisième type pour cinq types en quête d’aventure et de félicité. Dans un nuage de fumée ou sur le parking d’un bar au bord de la route, ou au petit matin après une nuit trop courte - puisque faute d’argent les deux Commodore servent de camping-car et le velours des banquettes d’oreiller de fortune - Jack et Neal auraient pu croiser Joseph, André et Maurice. Kerouac et Cassidy, Gillain, Franquin et Morris. Rencontre corporatiste s’il en est. Un fait d’hiver. Un simple fait de l’hiver 49. Chance ? Malchance ? Les uns étaient-ils faits pour les autres ? Pas gagné. Les uns veulent rencontrer des vagabonds, des routards et des clochards (célestes), les autres Disney. Horizons divergents pour voyage convergent. Que serait-il resté ? Sûrement pas grand' chose. Qu’en est il resté ? Un livre fleuve, une bio de…Don Bosco, une autre de Baden Powell. Même pas de quoi mettre un nom sur le sticker de la couverture de Gringos locos.

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Je fais le malin, mais je n’ai jamais réussi à lire Sur la route. Pas plus que Baden Powell ou Don Bosco d’ailleurs. Les deux sont à la maison. Sagement rangés dans ma bibliothèque au détour d’une étagère. Quant aux Hudson, la première, ou plutôt sa réplique est entreposée au Beat Museum de San Francisco. La seconde a été abandonnée à la frontière mexicaine. Et si la vraie vedette de cette aventure c’était elle ? Fidèle vectrice du "rêve américain".

Pour la peine, nous allons finir sur une citation littéraire. C’est le moment ou jamais. Kerouac en août 48 : "Sur la route, qui m’occupe l’esprit en permanence, est le roman de deux gars qui partent en Californie en auto-stop, à la recherche de quelque chose qu’ils ne trouvent pas vraiment, au bout du compte, qui se perdent sur la route, et reviennent à leur point de départ plein d’espoir dans quelque chose d’autre." En fin de compte, ils auraient peut-être eu des choses à se dire.

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