Ils ont à peu près la même taille, le même âge (52 pour 51 ans), ils sont bruns, ne sont pas beaux mais ont une gueule reconnaissable, expressive. Mais, à y regarder de plus près, il n’y a pas que la ressemblance physique qui rapproche nos deux chers présidents. Ils veulent tous deux incarner une rupture dans les habitudes politiques de leur pays respectif, de par leur âge, leur parcours politique (Nicolas n’est pas énarque, Mahmoud n’est pas Mollah), dans leur façon de gouverner par un subtile mélange de populisme et de communication quasi-marketing. Ils veulent tous les deux incarner la rupture mais à y regarder de plus près, leur principales actions ne font qu’entretenir un système existant, accentuant le pouvoir de leurs amis respectifs. Non, s’il faut chercher une rupture, elle est uniquement dans la forme. Tous deux parlent au peuple avec le langage du peuple. Tous deux mettent en scène leur vie (plus que leurs idées, malheureusement) pour accaparer l’attention : une cavalcade avec une mannequin à Disneyland ou un pèlerinage à la Mecque, la forme s’adapte au pays, le procédé est le même. Tous deux mentent car ils promettent l’irréalisable : le plein emploi pour Nicolas, la relance de l’économie et la fin de la corruption d’état pour Mahmoud. Tous deux utilisent un nationaliste bon marché stigmatisant les étrangers mais également les fonctionnaires pour Nicolas ou jouant la fibre patriotique pour Mahmoud (avec le nucléaire). Tous deux partagent la même conception du pouvoir et de la politique : une sorte de paternaliste autoritaire, interdisant et réprimant tout débat contestataire comme en Iran ou détournant l’esprit des règles démocratiques (ratification parlementaire discrète de la constitution européenne, rejetée par le peuple lors d’un référendum, ratification sans débat de la recodification du code centenaire du travail…). Tous deux communiquent sur une culture du résultat en disant à leurs électeurs respectifs : « vous me jugerez sur des résultats ». Malheureusement pour tous les deux, les résultats ne sont pas au rendez vous. Alors il leur reste le mouvement, l’agitation vaine mais continue ; il ne leur reste plus qu’à privilégier le show à la réflexion, à l’action long terme.
Tous deux sont des pantins servant les intérêts de quelques uns au détriment de la majorité. Tous deux sont une insulte à l’intelligence de nos deux peuples. Tous deux, je l’espère, figurerons comme une parenthèse malheureuse et vite oubliée dans l’histoire de nos deux pays.