RENAN APRESKI : Ici Brest, les Bretons parlent aux Lorrains ! La semaine dernière, l’actualité nationale a été marquée par l’assassinat de l’ex-avocat d’Yvan Colonna, un meurtre qui relance la question des problèmes de sécurité sur l’île de Beauté ; tout de suite, la réaction du ministre de l’intérieur, Manuel Valls.
R.A. : Ouafff, c’est ce que disaient déjà vos prédécesseurs…
M.V. : Bon, ben qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? Que si ça ne tenait qu’à nous, il y a longtemps qu’on aurait abandonné à son sort un aimant à emmerdes comme la Corse ? Que ces cons-là, avec leur code d’honneur à deux balles et leur loi du silence de mes couilles, laisse la violence proliférer sous leurs fenêtres depuis des lustres et qu’on ne pourra rien y changer ? Que les maffias vont continuer à s’engraisser sur le dos des habitants trop occupés à s’entretuer à cause de leurs rivalités à n’en plus finir dont ils ont eux-mêmes oublié l’origine, et ce pendant encore des siècles et des siècles ? Que la Corse est le cauchemar des gendarmes, qu’on y affecte par punition les pandores les plus nuls et que leur faire fouiller le maquis est une vue de l’esprit ?
R.A. : Ben non, si vous dites ça, les gens n’auront plus confiance en l’État…
M.V. : Et bien je ne vous le dirai pas ! Raison d’État !
R.A. : Dommage, on aurait fait du buzz… Patrick Stro…Szr…Strizo…
R.A. : Voilà, c’est ça ! Donc, monsieur, vous être préfet de la région Corse, vous êtes d’accord avec ce que vient de dire Manuel Valls ?
P.S. : Oh, vous savez, avant d’être nommé en Corse, j’étais préfet du 92, donc, la délinquance en col blanc qui reste impunie et la loi du silence, ça me connait ! Je ne peux pas dire que j’ai été dépaysé outre mesure ! Bon, je ne dis pas non plus que c’est exactement la même chose : première différence, le climat ! Il y fait beaucoup plus chaud que dans les Hauts-de-Seine et je ne vous cacherai pas que je crève souvent de chaud, avec le gilet pare-balles que je suis obligé de porter tout le temps… Et puis il faut prendre certaines précautions, ne pas commettre les mêmes erreurs que certains de mes prédécesseurs : c’est pourquoi j’ai interdit aux gendarmes de fumer ! Je leur ai même interdit d’avoir sur eux, pendant le service, tout objet susceptible de servir à faire du feu : pas d’allumettes, pas de briquets, même pas de silex !
R.A. : Mais concrètement, vous avez peur d’être assassiné ?
P.S. : Oh non ! Pour que les indépendantistes armés, par exemple, lancent un appel au meurtre contre moi, il faudrait déjà qu’ils arrivent à prononcer correctement mon nom ! Et essayez, pour voir, de prononcer « Strzoda » avec un accent corse à couper au couteau ! D’ici là, on m’aura déjà remplacé par une autre imbéc… un autre haut fonctionnaire.
R.A. : Bon, et bien merci monsieur Stro…Szr…Strizo… Monsieur le préfet ! Charles Pasqua, vous êtes corse par votre grand’ père, que pensez-vous de ces événements ?
R.A. : Enfin, vous ne pouvez pas nier les faits, il y a un vrai problème de violence, de corruption…
C.P. : Hé, ho, ça va ! Mon petit bonhomme, n’oubliez jamais que j’ai été deux fois ministreuh de l’intérieur : j’ai fait casser la gueule à des immigrés et à des manifestangs, j’ai fait prendreuh d’assaut une école maternelleuh ! Et puis j’ai été le bras droit de Chirac : j’ai commencé comme porteureuh de valises puis j’ai commencé à travailler pour mon propreuh compteuh ! Alors, niveau violenceuh et corruptiong, je m’y connais assez pour vous direuh que par rapport à tout ce que j’ai vu pendant ma carrièreuh, ce qui se passe en Corseuh, c’est du menu freting !
R.A. : Mouais, c’est pas faux… Alain Bernardini, vous êtes un des fondateurs du groupe I Muvrini, vous adhérez à ce que vient de dire Charles Pasqua ?
R.A. : Ça vous fait plaisir d’entendre dire ça ?
A.B. : Bien sûr ! Dans ces critiques, il n’y a jamais une seule allusion à la violence ou à la corruption ! Notre pari est gagné : pour les continentaux, les chanteurs corses sont des chanteurs comme les autres, qu’ils peuvent conchier comme ils conchient Véronique Sanson, Bénabar, Nolwenn Leroy ou, pour rester dans les bretons, Dan Ar Braz ! D’ailleurs, nos collègues continentaux ne s’y trompent pas et viennent souvent chanter avec nous dans notre studio construit au sein même du petit village de Taglio-Isolaccio – je ne remercierai d’ailleurs jamais assez la municipalité de nous avoir accordé aussi facilement le permis de construire, il faut dire que nous avons des amis qui ont des arguments frapp… enfin, convaincants ! Pour revenir à nos collègues, j’en profite pour leur rappeler qu’il leur est fortement recommandé de se munir d’un gilet pare-balles ou tout autre protection de ce type avant de traverser le maquis pour venir nous rejoindre ! Un accident est si vite arrivé… Je rappelle aussi que pour chanter des polyphonies corses, il est recommandé de prendre quelques somnifères au préalable pour conserver le rythme d’origine !
R.A. : C’est noté ! Jean-Christophe Napoléon, vous…
R.A. : Hum ! Et bien, votre altesse, vous êtes l’actuel chef de la famille Bonaparte, originaire, comme on le sait, de Corse, que pensez-vous des événements qui entachent la réputation de la patrie de votre famille ?
J.-C. N. : Vous savez, mon bon, en tant que prince héritier, je me dois, comme mon glorieux aïeul, de garder l’œil sur toute la France et pas simplement sur une de ses régions, quand bien même il s’agit du pays natal de l’Irremplaçable : le cas de la Corse ne me préoccupe donc ni plus ni moins que tous les autres problèmes se sécurité intérieure ; toutefois, je me permettrais de dire que ces préfets et avocats assassinés, ces gendarmeries plastifiées, c’est de l’énergie gaspillée ; mon ancêtre avait le sang aussi chaud que celui de ses compatriotes mais, au moins, il a su mettre sa soif de violence au service de la grandeur de la France ! Si l’armée française d’aujourd’hui avait mieux soigné sa campagne de recrutement, les Corses se seraient engagés en masse et je peux vous garantir qu’aujourd’hui, nous n’en serions pas réduits à fuir d’Afghanistan : les Talibans auraient demandé grâce et Kaboul serait aujourd’hui colonie française !
R.A. : Hum ! Je lis sur votre fiche que vous êtres aussi conseiller à la banque d’affaire Morgan Stanley, à New York…
J.-C. N. : Que voulez-vous, les Bonaparte ont dû s’adapter à cette époque où la guerre se gagne d’abord sur le terrain de l’économie : en intégrant une grande banque américaine, je réalise en quelque sorte le rêve de mon aïeul de devenir maître du monde ! Ah ! Ah ! Ah ! Et puis les origines corses de ma famille ont plaidé en ma faveur auprès de mes employeurs qui ont compris qu’ils pouvaient compter sur moi en cas de coup tordu, ce qui nous ramène à notre sujet !
R.A. : Bon, merci votre altesse ! Laetitia Casta, vous avez été la première « Marianne » corse, vous avez un avis sur les problèmes de la Corse ?
R.A. : Non, Laetitia, j’ai pas dit « le corset », j’ai dit « la Corse » ! Est-ce que vous avez un avis là-dessus ?
L.C. : Un ami ? Oh oui, et même plusieurs, j’ai gardé pas mal d’amis au pays, mais je peux pas vous dire qui, ils ne veulent pas que leurs noms soient digulv… divlug… diluvg… connus, je ne sais pas pourquoi, d’ailleurs, vu qu’ils m’ont dit qu’il faudrait qu’ils me tuent après si je leur demandais et…
R.A. : Laetitia, j’ai pas dit un ami : il se passe des trucs graves, en Corse, vous en pensez quoi ?
L.C. : C’est quoi penser ? Les trucs les plus graves que je connais là-bas, c’est les voix des chanteurs des polyphonies, j’ai voulu en faire moi aussi mais on m’a dit qu’il fallait qu’on me mette un doigt dans la chatte pour que j’aie la voix qu’il faut, alors j’ai laissé tomber parce que c’était pas agréable : en plus, les gens qui font ça, ils sont mal formés, c’est la première fois que je voyais un doigt au bas-ventre, moi… Tiens, salut Frank !
R.A. : Frank Ribéry ? Vous fréquentez Laetitia Casta ?
F.R. : Euh ouais, mais c’est pas pour le cul, hein, j’vous jure, on est juste potes ! Il parait qu’on a le même Q.I., elle et moi !
R.A. : Je m’en doutais… Bon, René Pétillon, vous êtes l’auteur de L’enquête corse, le mot de la fin ?
R.A. : On est pas si mal en Lorraine, en fin de compte… Allez, kenavo !
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