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Pour les "conseillers", ça va très bien, merci !

Publié le 24 octobre 2012 par Despasperdus

La politique est affaire de convictions personnelles. Et d'engagement.

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Elle peut être un choix professionnel. Les élus bien entendu. Et, d'autres plus nombreux qui gravitent autour des élus et des partis.

Beaucoup d'élus cumulent pour échapper à la précarité. Ne vous marrez pas : il est arrivé que des battus soient contraints d'accepter des jobs ingrats pour joindre les deux bouts entre deux élections, demandez à Harlem Désir ou à JC Cambadelis !

Cumuler deux mandats électifs plus une présidence ou vice présidence de communauté permet d'atteindre un niveau de revenus équivalent à celui d'un cadre supérieur même s'il faut assumer la charge des locaux et du personnel. La campagne de 2007 avait révélé qu'en 20 ans de carrière politique, un homme ou une femme politique, d'extraction sociale modeste, pouvait s'enrichir jusqu'à devoir payer l'ISF.

Après tout, les politicien-ne-s, dont certains font les lois et d'autres occupent des fonctions ministérielles, constituent une bonne partie de l'élite nationale. A priori, en les rémunérant bien, la République leur ôte toute tentation de corruption.

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D'autres encore plus nombreux gravitent autour des élus et dans les partis. L'UMP et le PS font travailler des milliers de militants et de technocrates, soit directement auprès des élus, soit dans le parti, soit dans des structures satellites, soit au sein des collectivités locales où l'appartenance au parti est décisive pour décrocher un emploi.

A de rares exceptions près, cette professionnalisation induit également un monde qui vit en vase clôt. Qui ne subit pas directement les transformations sociales. Qui n'est pas exposé à la banalisation de la précarité sociale. Qui a même tendance à la reproduction sociale. Et qui n'a jamais ou pratiquement jamais vécu dans un autre milieu professionnel.

Le parcours typique du professionnel du PS est le suivant : militantisme étudiant et au MJS, à la fin des études, un job d'assistant parlementaire, ou à la fédé, ou contractuel dans une collectivité locale, et quelques années après, des responsabilités importantes à la fédé ou un mandat électoral. Et, c'est ce pro de la politique qui ne connait rien à la vraie vie des travailleurs, des chômeurs et des retraités modestes qui inflige des leçons à tous sur les nécessaires sacrifices !

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Cette professionnalisation avec des militants nommés par la direction du parti ne contribue pas au débat d'idées ni au changement. Elle explique en partie l'évolution de certains partis où le poids des apparatchiks est trop important pour permettre des remises en cause radicales. L'évolution-fossilisation du PS est à ce titre exemplaire.

Le parti le plus puissant de la gauche est aussi celui qui compte le plus d'élus, et par conséquent d'apparatchiks. La faible participation aux congrès, lors du vote décisif des motions quant à l'orientation idéologique et au choix de la direction du PS, n'atteint jamais les 60 %. Le système est verrouillé de l'intérieur. La décision de soutenir telle ou telle motion est prise en amont du vote des militants par les responsables et les élus des fédérations socialistes qui seront suivis par leurs fidèles militants dont les carrières professionnelles dépendent du bon vouloir desdits dirigeants.

Évidemment dans un tel contexte, les congrès sont l'expression d'une parodie de démocratie. La parole de la plupart de ces professionnels de la politique n'est pas libre, même dans les urnes. Leur présent et leur avenir en dépendent. Il en ressort un phénomène comportemental de conformisme et de suivisme par rapport aux dirigeants qui aboutit généralement à l'immobilisme tant au niveau des structures qu'au niveau de l'orientation politique.

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L'abandon de la lutte des classes et la conversion à l'idéologie néo-libérale se sont réalisés sans heurt parce l'appareil politique socialiste a pesé de tout son poids. Le débat, s'il eut lieu, est resté très confidentiel et la contestation marginale. Et puis, l'exercice du pouvoir sous Mitterrand et Jospin avait déjà acté cette évolution.

Au fil des ans, le premier parti de gauche est devenu une formation de centre gauche. L'économie de marché est désormais un horizon indépassable et incontestable au PS, quoiqu'en dise l'aile gôche dont le rôle est somme toute assez ambigu. D'ailleurs, François Bayrou ne s'y est pas trompé en appelant à voter pour François Hollande.

Complètement déconnecté et protégé du réel, l'appareil socialiste ne conteste pas la mondialisation heureuse et le libre échange sans entrave. Il ne s'oppose pas à la concurrence ni à porter une marinière pour soutenir l'action incantatoire de Montebourg à base de patriotisme.

Il approuve la rigueur et la RGPP normale. Il comprend combien il faut que la France assainisse ses finances en demandant un effort équitable à tous (et ouais !). Bien-sûr, l'ennemi, c'est la finance, d'ailleurs le PS va mettre en place une commission pour y réfléchir : 10 ans d'opposition n'ont pas suffi !

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Il admet aussi que les chômeurs sont un peu responsables de leur sort parce qu'ils n'ont pas la bonne formation pour trouver un job (mais là le gouvernement va mettre le paquet ! Tout le monde a droit à une seconde chance, non ?). Comme le camarade Sapin l'a dit, le chômage est durable.

Ah oui, il s'oppose fermement au dumping social en soutenant le gouvernement Ayrault qui a été très réactif en commandant à un patron (de gôche, n'est-ce pas!) un rapport sur le choc de compétitivité !

Bien entendu, il milite aveuglément pour l'Europe. D'ailleurs, il approuve n'importe quel traité européen, même le plus antisocial. A la limite, il boufferait de la merde et en redemanderait à condition qu'elle soit certifiée conforme par la commission européenne !

C'est un grand démocrate même si le TSCG privera la Nation de choisir librement son budget. En quelque sorte, la démocratie se réduit aux élections pour le professionnel socialiste.

D'ailleurs, les élections sont un enjeu crucial. Un moment déterminant pour la carrière professionnelle. Les plus brillants et les plus dociles apparatchiks peuvent espérer de plus hautes fonctions en décrochant un poste de collaborateur au sein d'un cabinet ministériel. C'est l'occasion de rajouter une ligne prestigieuse sur le CV, d'étoffer le réseau, de travailler dans des lieux prestigieux et surtout d'être grassement payés. Et pour certains, mieux qu'un ministre !

Les médias dominants affirment que le conseiller mieux rémunéré touche 12.489 euros net par mois. A ce montant-là, on ne doute pas que ce collaborateur n'hésite pas une seconde à mettre en musique la politique austéritaire du couple Hollande-Ayrault... Pour celui-là et ses compères "socialistes", le changement c'est déjà maintenant !

Et pour les autres, le changement à la tête de l'État et dans les assemblées parlementaires est synonyme de continuité de la politique de régression sociale. Le changement ne concerne que des personnels interchangeables.

Du sarkozisme originel au sarkozisme normal, la forme a changé mais pas le fond...

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