Mireille Bourret, sociologue et auteur de "Les amitiés toxiques"* a recensé les critères et les causes d'une emprise qui met mal à l'aise.
Elle suggère d'abord d'éviter les confusions : "c'est la relation, pas la personne qui est toxique". Et la relation amicale est comparable (si ce n'est plus forte dans certains cas) à la relation amoureuse : passion, fidélité ou au contraire déception ou rupture, il n'y a pas de demi-mesure... Pour Danièle Brun, psychanalyste et auteur de "La passion dans l'amitié"** : "Plus la relation est forte, plus elle peut s'avérer toxique".
Comment reconnaître une amitié toxique ? « Surtout à un malaise personnel ressenti que ce soit en présence d'un(e) ami(e), à l'idée d'une rencontre prochaine, à l'occasion d'une conversation téléphonique, ou d'une communication de quelque nature que ce soit. Une émotion certainement négative, une impression d'abus, un manque de motivation », observe Mireille Bourret.
Jacques Salomé précise : "des amis très proches, trop proches, peuvent se révéler intrusifs, exigeants." Et il pose une question : "Peut-on tout accepter au nom de l'amitié ?". Sa réponse, toujours très édifiante, est ici... Et dans sa méthode ESPERE, il rappelle qu'ouvrir une relation, c'est être relié (tableau ici).
Il semblerait que ce type de rapports soit plus fréquent dans les amitiés féminines. Les femmes sont plus attentives à la relation - à laquelle elles attachent une importance primordiale - et parfois excessive...jusqu'à la rupture. Un conflit parfois accentué par la jalousie...
Selon Danièle Brun : "On pourrait définir l'amitié toxique comme la volonté farouche de l'une d'étendre son influence sur l'autre, en lui faisant dire ou faire non pas comme elle le souhaite, mais comme on le décide"(...)"[Ces "amies toxiques"] sont restées dans l'illusion de la fusion. Elles voudraient former un grand tout avec leurs amies, comme avec leur mère lorsqu'elles étaient petites". Laurence Caracalla, auteur du "Livre des copines"*** tente une explication : "Elles ont peur d'être abandonnées, et cela crée des comportements toxiques".
La conclusion ? Il est possible de suspendre, voire d'interrompre une relation - un peu comme si on divorçait de ses amis. Une démarche quasi salutaire. Pour Laurence Caracalla : "Il faut refuser les amitiés fusionnelles et défendre à tout prix son pré carré".
Mais il est toujours intéressant de s'interroger sur les conditions qui ont permis que cette dérive se mette en place. Pourquoi a-t-on permis que ces limites soient dépassées ?
Mieux se connaître participe au retour à la sérénité et permet de (re)nouer des relations d'amitiés dans l'équilibre et la confiance.
* Ixelles éditions
** Ed. Odile Jacob
*** Ed. Jean-Claude Lattès