Pendant des années
j'ai versé du bourbon dans ma
tête
pour tuer les
voix.
Mais vint le temps où j'ai dû lâcher la
gnôle
ou rendre mon
passeport.
Des jours ça allait si
mal
que je devais remballer mes affaires dès le
matin
dire que j'étais
malade
et quitter mon poste de
télé-vendeur
trente secondes avant de tuer
quelqu'un.
Je passais prendre deux Big Mac et louer deux
pornos
je rentrais
tirais les
rideaux
et me branlais dans du steak
haché
pour étouffer le
bruit.
Il me fallait des heures de télé et des romans
de 800 pages sans
répondre au
téléphone
pendant des
jours
sans me raser ni laver une
assiette
ni changer de
slip
juste pour garde la tête hors de
l'eau.
Aujourd'hui
je vais mieux
j'ai changé pour Burger
King.
Un autre ? Bon, d'accord.
Les écrivains qui n'écrivent pas,
dis-je
c'est comme les putes qui ne sucent
pas
ils devraient changer de
métier
faire cuistot chez
McDo
ou postier en Italie.
Dan Fante, in "De l'alcool dur et du génie", éditions 13e Note.
Pour les amateurs et amatrices, Dan Fante sera à Paris ce week-end et lira ses poèmes samedi 27 octobre à 18h30 au café-librairie Marcovaldo, 61, rue Charlot, 75003 Paris.