Barack Obama n’a pu s’empêcher de pontifier lors du dernier débat. Révélant une fois de plus les stéréotypes qui modèlent sa personnalité.
Par Marc Crapez.
L’anecdote rappelle celle, il y a quatre ans, d’un journaliste qui avait coincé Sarah Palin en l’interrogeant sur la « doctrine Bush ». Elle ignorait que cette étiquette correspond à une notion de guerre préventive. L’image a circulé en boucle, assortie d’un « effet Trivial Poursuit ». Alors que l’écrasante majorité des gens n’avaient jamais entendu parler de la notion de guerre préventive sous l’appellation de « doctrine Bush », a posteriori tout le monde se targuait d’avoir toujours su répondre à cette question enfantine. C’est ainsi que les intellectuels démocrates accréditèrent l’idée que Palin était probablement un peu sotte (oubliant qu’un gouverneur de l’Alaska sait prendre des décisions et gérer des deniers publics).
Lors du précédent débat, la journaliste avait donné raison à Obama au sujet de l’attaque de l’ambassade américaine en Libye. C’était pourtant Mitt Romney qui disait vrai. Obama a beaucoup tardé à employer le mot « terrorisme ». Par présupposé idéologique. Ce flottement découle d’une préférence pour le mot « extrémisme ». En renvoyant les différents extrémistes dos-à-dos, on ménage davantage l’islam qu’en prononçant le mot « terroristes ».
Le stéréotype du changement de paradigme
Son conseiller antiterroriste, John Brennan, l’a théorisé le 26 mai 2010 : contrairement aux « fausses perceptions » et autres fantasmes, le « terrorisme est une tactique, pas un ennemi ». Ce serait trop simple ! Pourtant, une chose est de dire que le terrorisme soulève un problème qui n’est pas uniquement celui d’un ennemi ; une autre est d’oublier qui est l’ennemi. De même, une chose est de dire que l’islamisme n’est pas représentatif de l’islam à lui tout seul ; une autre est de prétendre qu’il n’aurait rien à voir avec lui.
La querelle sur le nombre de navires militaires recoupe celle sur l’attaque de l’ambassade américaine en Libye. Un même mode de pensée est à l’œuvre. Il consiste à décréter, une fois pour toutes, qu’à l’encontre des raisonnements hâtifs, il faut voir les choses sous un autre angle, sans céder aux peurs ni aux rumeurs. Ce stéréotype du changement de paradigme fait partie de la grille de lecture des intellectuels qui croient que ceux qui ne pensent pas pareil sont des sous-doués. Aveuglés par cette œillère intellectualiste, ils oublient le bon sens en cours de route.
Voilà pourquoi quand, en novembre 2009, Nidal Malik Hassan tua 13 personnes sur une base militaire, Obama demanda de « ne pas sauter aux conclusions ». Le politiquement correct prescrit de s’interroger sur les énigmatiques motivations d’un homme qui, avant d’ouvrir le feu, avait crié « Allah Akbar ! ». Acte isolé d’un fou détaché de considérations idéologiques ? Non, bien sûr. Mais le stéréotype du changement de paradigme ne souffre aucune exception. Et ne craint pas de renverser les certitudes. Obama s’y employa dans son discours du Caire. Saluant complaisamment « la république islamique » d’Iran ou « le saint Coran », il en vint même à lier Jefferson à l’islam...
La « super-génialité » d’Obama, selon la formule ironique de Michael Steele (dirigeant Noir du Parti républicain), n’est ni celle d’une politique économique, ni celle d’une stratégie en politique étrangère. Au total, il n’aura pas fait un plus mauvais président que Bush. Et aura fait preuve de dignité personnelle. C’est bien la seule chose qu’on puisse dire en sa faveur.
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