« La Mort de Casagemas » a été peint par Pablo Picasso en 1901. Quel drame se cache derrière cette toile ?
Au début de l’année 1900, Carlos Casagemas se lie d’amitié avec Pablo Picasso. Ensemble, ils partent à Paris, la mecque des artistes peintres de l’époque. Les deux catalans installent leur atelier dans un appartement de la butte Montmartre et jouissent de la vie nocturne parisienne sur les deniers de Carlos. Assez rapidement, ils rencontrent Louise « Odette » Lenoir et la très belle Laure «Germaine » Gargallo.
Si Picasso commence à fréquenter Odette, Carlos tombe littéralement amoureux de Germaine. Même si celle-ci se laisse facilement séduire, elle le rejette à plusieurs reprises multipliant les amants d’un soir. Cela brise le cœur de ce pauvre Casagemas, qui sombre peu à peu dans l’alcool et la dépression. Picasso, voyant la détresse de son ami, décide de le ramener à Malaga, pour qu’il se change les idées. Mais rien n’y fait, Germaine continue de lui faire tourner la tête.
Au début de l’année 1901, Casagemas retourne à Paris. Le 17 février, il convie quelques amis, dont Germaine, au restaurant « L’Hippodrome », situé au 128 boulevard de Clichy. Durant le dîner, le catalan se lève et prononce un discours en français, puis il sort un pistolet et vise Germaine, qui se protège derrière un convive. Carlos retourne alors l’arme contre sa tempe et tire. Il meurt sur le coup.
C’est à son retour en France, que Picasso apprend la terrible nouvelle. Hanté par ce drame, sa peinture prend alors un virage : cette obsession donnera 3 toiles dont un portrait de son ami dans son cercueil, « La Mort de Casagemas », où l’on reconnaît la flamme d’une bougie en forme de vulve et l’impact de balle sur la tempe, le désir et la mort. Dés lors, Picasso entame sa période bleue.
Germaine, elle, n’est pas du tout affectée par la mort de son ancien amant. Mais elle reste proche de Pablo, succombant à son tour à la Femme Fatale qui apparaîtra dans plusieurs toiles, dont « Les Deux Saltimbanques » (1901), « Femme assise avec un châle » (1902), « Au Lapin Agile » (1905), et « Les Trois Danseurs » (1925).
Le tableau plus célèbre de sa période bleue se nomme « La Vie ». Picasso le peint en 1903. A l’origine cette peinture devait être un autoportrait, mais il décide de remplacer son visage par celui de Casagemas et de donner le visage de Germaine à la jeune fille prés de lui.
Quelque temps après, Germaine se marie à Ramon Pichot. Elle ouvre avec cet artiste peintre un restaurant « La Maison Rose ». Malgré tout, Germaine, toujours aussi volage, ne rate aucune occasion de tromper son mari.
Une des femmes de Picasso, Françoise Gilot, raconte dans sa biographie que Pablo l’emmena voir une vielle dame, en lui disant « je veux t’apprendre ce qu’est la vie… Regarde cette femme, elle se nomme Germaine Pichot, elle est vieille, édentée, et ruinée maintenant. Mais quand elle était jeune, elle était très belle et elle a tellement fait souffrir un ami peintre qu’il s’est suicidé… Elle en a fait tourner des têtes. Et maintenant, regarde la. »
Carlos Casagemas est enterré au cimetière parisien de Saint-Ouen (ancien 3ème cimetière de Montmartre). Pablo Picasso est mort à l’âge de 91 ans et repose dans le parc du château de Vauvenargues. Et la belle Germaine Gargallo, la vieille veuve Pichot ? Oubliée du reste du monde.
Cet article a été inspiré par la bande dessinée « Pablo – 1.Max Jacob » de Julie Birmant et Clément Oubrerie (Dargaud).