Les deux partis de gauche membres de la coalition au pouvoir en Grèce ont campé mardi sur leur refus d’une réforme du marché du travail malgré l’accord donné par les créanciers internationaux à un étalement sur quatre ans au lieu de deux des mesures d’austérité prévues en échange de leur aide financière.
Le gouvernement grec dirigé par le conservateur Antonis Samaras doit adopter un nouveau programme d’austérité de 11,5 milliards d’euros pour obtenir une nouvelle tranche d’aide indispensable pour éviter la faillite de l’Etat d’ici fin novembre.
Les inspecteurs de la troïka des bailleurs de fonds (Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international) ont quitté Athènes la semaine dernière en affirmant qu’un accord avait été trouvé sur les mesures nécessaires au déblocage de cette aide.
Ce projet d’accord dont Reuters a eu connaissance mardi montre que la troïka a accepté un étalement sur quatre ans, au lieu des deux initialement prévus, de ces mesures d’austérité.
« Cela limitera l’impact négatif sur la croissance en 2013-2014, lorsque l’économie aura besoin d’un socle plus solide tout en permettant de conserver un bon rythme d’ajustement », est-il écrit dans ce document.
Les divisions persistent cependant au sein du gouvernement grec sur ces mesures d’austérité, en particulier sur la réforme du marché du travail.
Les socialistes du Pasok et le parti de la Gauche démocratique, qui forment la coalition gouvernementale avec Nouvelle Démocratie d’Antonis Samaras, s’opposent aux projets de la troïka pour réduire les salaires et les indemnités de licenciement et supprimer les revalorisations automatiques des salaires.
Le ministre du Travail, Yannis Vroutsis, a déclaré que la troïka avait reculé sur ce dernier point mais cela n’a pas suffi mardi à convaincre le Pasok et la Gauche démocratique.
DEFICIT À 3% EN 2016?
« Je n’accepterai ni ne voterai les réformes du marché du travail que réclame la troïka, et les députés de la Gauche démocratique feront de même », a déclaré le chef de cette formation, Fotis Kouvelis, à l’issue d’une réunion entre les dirigeants des trois partis de la coalition.
« Telle sera ma position, constante et inchangée, jusqu’à la fin (…). Les droits des travailleurs ont déjà été amputés et ces exigences de la troïka ne sont rien d’autre qu’un projet destiné à éliminer ceux qu’il leur reste. »
Evangelos Venizelos, chef de file du Pasok, a également réitéré son opposition aux réformes et pressé le Premier ministre de dire aux partenaires européens que la société grecque ne pouvait supporter un nouveau train d’économies douloureuses.
« Nous ne devons pas ouvrir de nouveaux fronts tels que les réformes du droit du travail qui ne contribuent en rien à nos objectifs fiscaux », a indiqué Evangelos Venizelos, ajoutant que le pays avait déjà appliqué une série de réduction des coûts salariaux plus tôt cette année.
« C’est injustifié et provocateur d’ouvrir à nouveau ces discussions maintenant », a-t-il ajouté.
Antonis Samaras a cependant insisté sur le fait que le gouvernement n’avait d’autre choix que de promouvoir les mesures d’austérité pour obtenir de nouveaux financements et éviter la faillite.
Dans une déclaration télévisée, le Premier ministre a appelé ses alliés et le pays à soutenir les mesures d’austérité contestées avant qu’il ne soit trop tard.
« Je ne veux même pas penser à ce qui arriverait si en ce moment je ne m’accrochais pas au volant. Je ne regarde que vers l’avenir, demandant la plus grande unité possible », a déclaré Antonis Samaras.
« Nous sauverons la Grèce, ceux d’entre nous qui l’osent », a-t-il ajouté.
Dans son édition de mercredi, le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung rapporte, sans citer de sources, que les pays de la zone euro vont accorder deux ans de plus à la Grèce pour ramener son déficit budgétaire à 3% de son PIB, la date-butoir étant désormais 2016.
Le gouvernement grec peut aussi considérer qu’il obtiendra bel et bien la nouvelle tranche d’aide de 32 milliards d’euros en novembre, ajoute le journal allemand.
source : Reuters