Soirée hautement culturelle que celle du 17 octobre, à l’amphi AR 06 de la Fac de Droit où notre association a été accueillie comme d’habitude par le doyen Eric Germain, escorté de notre secrétaire adjoint Vincent Lebrun.
Derrière l’estrade, le trio de choc composé de Charles Tordjman, (ancien patron de la « Manu »),Didier Francfort (historien) et Didier Manuel (dirigeant le « Totem » à Nancy) s’en est donné à coeur joie pour nous inviter à réfléchir à la véritable place de la culture dans nos sociétés contemporaines. Plus particulièrement de son utilité en temps de crise.
Pour les uns indispensable au renforcement du lien social, la culture est menacée de récupération politique au travers de « mécènes-producteurs ». (Raison pour laquelle, il vaut mieux pour toute association à visée culturelle soucieuse de son indépendance d’essayer de « s’auto-financer », (comme c’est le cas de « Nancy-Mosaïque »). Sa vraie « mission », bien au-delà de toute option partisane, est d’aider l’ensemble de nos concitoyens à développer leur « capacité à voir au-dessus de soi » (C.Tordjman). Les périodes de crises participent même à la reconfiguration des modèles culturels, analyse Didier Francfort.
Elle s’inscrit aussi dans l’ordre d’une « solidarité nationale » en magnifiant notre patrimoine (D. Francfort). Pour Didier Manuel, le risque auquel s’expose la culture, c’est de se banaliser au prétexte d’aller vers le plus grand nombre. On peut certes vouloir toucher tous les publics, mais certainement pas en même temps. Au risque de paupériser l’offre en la réduisant au plus petit dénominateur commun.
Ayant dressé un tableau exhaustif des différents ministres qui se sont succédé à la tête du ministère de la Culture depuis 1958, C.Tordjman a mis en exergue l’action décisive de Malraux (et ses « maisons de la culture »), ou J. Lang (en faveur de la création artistique).
Didier Manuel fit valoir quant à lui que la Lorraine qui fut un haut-lieu culturel après la guerre se trouve désormais « en chute libre » à cet égard. Il serait sûrement indispensable de repenser la répartition des moyens au niveau de l’Etat, quand on pense que l’Opéra de Paris « mange » à lui seul un budget annuel de 110 millions d’euros alors que l’ensemble des autres scènes d’opéra françaises n’en consomment que…27! Il est regrettable que de grandes compagnies -telle que la Comédie Française- ne décentralisent pas plus leur production vers la province.
Notre pays n’a cependant pas à rougir de l’effort produit au soutien de la culture qui ne représente certes qu’ une part modeste du budget de la nation (0,69 %), mais tout de même beaucoup plus importante que la part qui lui est consacrée dans les autres pays d’Europe (0,03%).
Malgré ses insuffisances et ses trop grandes disparités territoriales, la Culture en France demeure ainsi un atout considérable pour le rayonnement de notre pays dans le monde, et notamment sur les marchés de l’art, contemporain.
Raison de plus pour donner à la libre création sa place novatrice, que nous soyons ou ne soyons pas « en crise ».
Le Président, Gilles LUCAZEAU