François Hollande ne ressemble à aucun de ses prédécesseurs. Il n'a pas l'élégance de Giscard (oh non! même s'il parle aussi bien), rien de l'ironie glacée et tellement aristocratique de Mitterand (même s'il sait être aussi drôle), rien non plus du gosse de riche que les pauvres trouvent sympathique que cultivait Chirac (même si on les rapproche souvent). Ce n'est pas non plus un héros à la De Gaulle. C'est peut-être à Pompidou qu'il ressemble après tout le plus : comme lui il a été bon élève, est extrêmement intelligent quoique jamais flamboyant (le charisme n'est pas sa première force). Mais il est tellement plus sympathique! Ses adversaires n'arrivent pas à le détester, le trouvent charmant, accueillant, à l'écoute (il fallait entendre il y a quelques jours Jean d'Ormesson en parler). Ce pourrait être un dirigeant social-démocrate comme en connaissent tant les démocraties du nord de l'Europe (ce que pourrait être Ayrault) s'il n'avait été un adolescent révolté contre une famille très réactionnaire. C'est malgré les apparences un homme dont les convictions sont profondément ancrées dans cette expérience initiale, un homme qui s'est, tout comme d'ailleurs Ségolène Royal, construit contre sa famille, contre son père, c'est-à-dire contre l'autorité et qui, de ce fait, respecte ceux qui ont le courage de s'opposer à lui. En somme, un vrai démocrate, le premier de nos présidents, peut-être, qui le soit naturellement, du fond de lui-même. Et cela explique qu'il calme systématiquement le jeu, qu'il arrondisse si facilement les angles, qu'il pacifie la société française même s'il n'est pas évident qu'il réussisse tous ses paris.