Le 9 octobre, le projet de loi autorisant la ratification du pacte budgétaire européen a été adopté à l’Assembléenationale. Lors de son examen, notre gouvernement a exprimé deux préoccupations majeures. Il tenait à ce que :
- les députés de la majorité observent la discipline de vote et se prononcent en faveur de son adoption.
- le projet puisse obtenir la majorité absolue sans le secours de voix de l’opposition.
Ces deux vœux me semblent tout à fait singuliers.
Si un député a, le plus souvent, été investi par un parti, son rôle premier demeure de représenter les électeurs de sa circonscription qui, comme son nom l’indique, l’ont très précisément député à cette fin. Il maintient un contact étroit avec eux et il lui appartient de faire entendre leur voix pour participer à l’élaboration d’éventuels amendements, faire des propositions de loi, s’exprimer lors des débats s’il le juge utile et enfin voter. Si son rôle devait se limiter à acquiescer aux projets de loi du gouvernement, on pourrait songer à réduire sérieusement la durée des débats. Si l’on pousse jusqu’à l’absurde cette logique de béni-oui-oui, sitôt que les législatives auraient porté au Parement une majorité absolue de députés d’un seul et même parti, on pourrait cantonner son rôle à l’examen des propositions de loi qui, elles, émanent des députés. Il deviendrait inutile d’examiner les projets de loi et il reviendrait au président de la République de promulguer sans débats ni vote les lois concoctées par le gouvernement.
On entend déjà de nombreux hommes politiques, principalement de l’ancienne majorité, s’élever contre des mesures prises par notre gouvernement qu’ils qualifient de socialiste. Ils se trompent lourdement. Actuellement, celui qui est aux affaires, c’est le gouvernement de la République, tout comme précédemment lorsque Nicolas Sarkozy s’était arrogé le rôle de premier ministre de facto. Il n’y a donc rien d’anormal à ce que, sur certains sujets, l’opposition joigne ses voix à celles de la majorité. Nul n’a le droit de prétendre que ses voix pèseraient moins que d’autres. Bien plus, on a assez reproché à Nicolas Sarkozy de mener une politique sectorielle, visant à diviser les Français. Sans rechercher systématiquement un consensus, il convient au contraire de se féliciter lorsque des parlementaires de bords opposés s’unissent sur un projet donné.